De nombreux patients se tournent vers les « médecines » complémentaires et alternatives pour diverses raisons : améliorer leurs symptômes ou leur qualité de vie, avoir une prise en charge plus globale qui allie corps et esprit, ou parce que leur traitement ne répond pas à leurs attentes. Néanmoins, attention ! Ces médecines ne guérissent pas la maladie et elles doivent toujours se pratiquer en complément de la prise en charge traditionnelle (« allopathique »).
En médecine chinoise, la maladie résulte d'un blocage de l'énergie. Le corps est parcouru par des méridiens et l'acupuncteur rétablit la circulation harmonieuse de l'énergie en stimulant certains points situés sur le méridien, expliquant le symptôme. Il peut faire appel à différentes techniques : traditionnelle avec des aiguilles, électro-acupuncture, acupuncture à l'aide de laser, acupression, auriculothérapie … L’avantage de l'acupuncture ? : pratiquée par un praticien bien formé, avec un diplôme universitaire dispensé en faculté de médecine, elle a peu d'effets secondaires. Mais il peut parfois survenir un malaise ou un étourdissement à l'insertion des aiguilles, et si l’acupuncture n’est pas réalisée consciencieusement, il peut y avoir l'oubli d'une aiguille. Depuis 2013, l'Académie de médecine reconnaît son intérêt dans un certain nombre de situations (lombalgies, cervicalgies, migraines, nausées et vomissements après une chimiothérapie, arthrose des membres inférieurs), dont ne fait pas partie la SEP.
Certains patients ne voient aucune amélioration notable, d'autres constatent une amélioration et sont très satisfaits de la pratique.
« D'après mon expérience clinique, on peut recommander l'acupuncture dans la douleur, la spasticité et la fatigabilité », commente le Dr Patrick Sautreuil, spécialiste de médecine physique et réadaptation à la Pitié-Salpêtrière, et acupuncteur. « J'ai connu de grands échecs mais aussi de francs succès chez des patients qui souffraient de douleurs très sévères d’origine neuropathique. J’ai notamment soulagé certains patients, en laissant des aiguilles sur la zone douloureuse plusieurs jours. »
Mais comme il est impossible de se contenter du simple ressenti des patients, la médecine occidentale se fonde sur des preuves, qui sont apportées par des essais cliniques. Les publications sur l'acupuncture sont nombreuses mais elles sont plus rarement de très grande qualité sur le plan méthodologique. Pour être le plus rigoureux possible et donner le plus de fiabilité possible aux études on compare le médicament ou la pratique, à un placebo (traitement ne contenant pas de substance active) ou au traitement de référence, en double aveugle (ni le médecin ni le patient ne savent si c'est le placebo ou le médicament qui est donné) et randomisée (le traitement est attribué au hasard). Ce qui est très rarement effectué avec l'acupuncture…
Une revue scientifique1 de 2014 synthétise 12 études sur la SEP, à propos de l'acupuncture pour améliorer la qualité de vie, la fatigue ou encore les douleurs. Elle conclue qu'en dépit du nombre d'études suggérant une efficacité, leur faiblesse méthodologique ne permet pas de conclure à son efficacité, d'autres travaux sont nécessaires pour statuer définitivement sur son efficacité ou son inefficacité.
Un autre travail2 montre une efficacité sur les troubles de la marche et cette étude présente l'avantage d'être contrôlée et randomisée. En comparant l'acupuncture à l'acupuncture fantôme (on presse des points à distance des méridiens), elle retrouve une amélioration légère mais significative de la marche avec l'acupuncture. Cette amélioration est en moyenne de 13,9 % alors qu’il n’y a pas d’amélioration significative avec l'acupuncture fantôme. L'effectif est très réduit, avec 20 patients, ce qui présente une limite de taille et nécessite donc d'autres travaux pour confirmer les résultats.
Cette étude conclue que l'acupressure, technique qui stimule des points de l’acupuncture mais sans l’utilisation d’aiguilles, est efficace sur la fatigue. Cette technique diminue de 26% sur l'échelle de sévérité de la fatigue après 4 semaines de suivi. Mais l'étude n'est pas faite en double aveugle.
« On ne peut pas tout démontrer tout le temps, c'est le retour clinique des patients qui importe », commente le Dr Sautreuil. Mais devant le coût de l'acupuncture qui est rarement effectuée par des médecins en secteur 1 et rarement prise en charge, il convient d'être certain de son efficacité avant de la recommander plus largement...
Publié le : 25/02/2019 Mis à jour le : 25/02/2019