L'ART-THÉRAPIE :
L'ART POUR SE SENTIR MIEUX

L'art-thérapie semble une alternative intéressante pour tous ceux qui rechignent à entamer une psychothérapie et qui cultivent un intérêt pour les activités artistiques.

Comment se passe une séance ? Qu'apporte l'art-thérapie ? En quoi consiste-t-elle ? Réponses avec Sabrina Devin, art-thérapeute et Christelle, adepte depuis 8 ans…

Comme son nom l'indique, l'art-thérapie est une thérapie par l'art, un moyen d'exprimer ses émotions et ses sentiments en utilisant le langage artistique. « On utilise le pouvoir expressif et relationnel de l'art pour apporter un mieux être à la personne, explique Sabrina Devin, art-thérapeute à Lille. L'art-thérapie concerne toutes formes d’expressions artistiques, que ce soit la danse, le chant, la musique, la peinture, et c'est utilisé pour toutes les pathologies ».

Les bienfaits de l'art-thérapie

Sabrina Devin est bien placée pour en parler puisqu'elle a réalisé une étude sur ses bienfaits pour les patients atteints de SEP, avec le Pr Hautecoeur. Seize patients avaient participé à une quinzaine de séances, durant 5 à 6 mois et ils avaient rempli différentes échelles évaluant l'estime de soi, la dépression et la qualité de vie, avant et après les séances. « Nous avons constaté une amélioration du bien-être, de l'état émotionnel, de l'estime de soi, une diminution de l'état de dépression, du sentiment de détresse, une meilleure qualité du sommeil, et donc un mieux-être général ». Ce que confirme Christelle, 49 ans, atteinte de sclérose en plaques depuis 15 ans : « C'est super car pendant l'heure de la séance, on oublie la maladie, les douleurs. On est dans un cocoon, on ne pense plus à rien ». Et pour l'art-thérapeute, le but est bien de faire oublier les soucis du quotidien, d'être dans sa bulle et d'oublier tout le reste…

L'art-thérapie est une façon détournée de pratiquer la pleine conscience, une pratique de méditation orientale, de plus en plus adoptée par les occidentaux en mal de zen qui souhaitent apprendre à lâcher prise.

« L'art-thérapie permet de faire baisser son stress en pratiquant la pleine conscience par le biais de la pratique artistique, reprend Sabrina Devin. Les personnes doivent se concentrer sur l'instant présent, le contact avec la matière, le son du stylo sur le papier... J'invite les personnes à se centrer sur leur respiration. Cela amène un effet immédiat où la personne se sent plus calme, plus détendue à la fin d'une séance ».

Cette activité sert également à reprendre confiance en soi et à se valoriser : « J'ai découvert que j'avais un don pour la peinture, ça me fait plaisir, je suis fière de moi, s'enthousiasme Christelle. Je me dis que je suis capable de faire quelque chose ! J'en doutais avec la maladie car en fauteuil roulant il y a beaucoup de choses que l'on en peut plus faire. En fait, on peut faire les mêmes choses mais différemment ». Sa famille est également fière d'elle.

Le déroulement d'une séance

La première séance est très importante et diffère des suivantes : « On fait connaissance avec la personne pour déterminer ses goûts, ses envies de faire, ses capacités, sa pratique artistique, son projet, expliqua Sabrina. On détermine ensemble des objectifs : la personne vient-elle en art thérapie pour diminuer son stress, décompresser, reprendre confiance en soi, se ressentir valorisée dans sa famille qui la voit comme une personne malade ? ». Et la thérapeute l'accompagne ensuite dans ses projets au fil des séances. Christelle a découvert l'art-thérapie grâce à Sabrina Devin en 2006, lors d'une perfusion à l'hôpital. Depuis, elle retrouve son « cocon » tous les 15 jours : avant chaque séance, l'art-thérapeute s'enquiert de son état, de ses émotions puis elle commence à dessiner et à la fin de la séance, elles font à nouveau un point sur ce qu'elle a ressenti.

Bonne nouvelle pour ceux qui ne se sentent pas doués de leurs mains, l'art-thérapie ne nécessite pas un don pour l'activité artistique choisie. « Mais un intérêt est indispensable, confirme Sabrina, et si beaucoup de personnes arrivent en disant qu'elles ne savent pas dessiner, elles repartent en ayant ressenti des choses agréables avec les crayons et joué avec les matières, sans être jugées sur ce qu'elles font ». C'est en effet d'après cette spécialiste un bon moyen de se rendre compte que l'on est capable de faire de jolies choses, de mettre en place une boucle positive et de donner envie d'apprendre une technique qui leur a plu.

Un moyen d'exprimer émotions et sentiments

La pratique de l'art-thérapie offre en effet un accès privilégié aux émotions et aux sentiments refoulés, elle est une voie royale vers notre inconscient. Les activités artistiques telles que la peinture, la danse, le théâtre, le collage, la photographie stimulent l'inconscient et autorisent certaines problématiques enfouies à accéder la conscience. Le patient débute alors un cheminement personnel, aidé de l'art-thérapeute.

« Le fait de venir en art-thérapie peut faire ressurgir les émotions et du coup, être le point de départ d'un travail chez un psychologue ; la production peut être un support au verbal. Et les personnes parviennent ainsi à mettre des mots sur ce qu'elles ressentent, certaines arrivent à l'interpréter seules ». Mais l'art-thérapeute n'interprète jamais le travail, ce n'est pas un psychologue : « Quand la personne est beaucoup dans le verbal, j'oriente vers le psychologue car je ne suis pas formée dans ce domaine ».

En pratique…

La séance d'une heure est individuelle ou en petit groupe et le tarif est adapté à la durée, au type de séance individuelle ou collective, aux matériaux. Certains art-thérapeutes se déplacent à domicile. Pour trouver un art-thérapeute près de chez soi, Sabrina Devin recommande de se renseigner auprès de l'école d'art-thérapie de Tours, qui enseigne la formation au sein des facultés de médecine de France.

Publié le : 13/03/2015 Mis à jour le : 29/03/2018

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