La résilience,
une capacité à rebondir !

La résilience est de plus en connue et étudiée. Cette capacité à transformer un traumatisme en ressources positives est particulièrement intéressante pour les patients atteints de sclérose en plaques. Bonne nouvelle, il est tout à fait possible de la développer !

En physique, la résilience qualifie l'aptitude d'un corps à résister aux pressions et à reprendre sa forme initiale. Ce terme a été adapté dans le domaine de la psychologie au 20ème siècle outre-Manche et médiatisé en France par le Dr Boris Cyrulnik, neuropsychiatre qui échappa aux camps de concentration, à l'inverse de ses parents. De ce traumatisme et de ces souffrances, il tire une force de vie particulièrement inspirante pour les patients.

Une capacité à s'adapter, à rebondir

« La résilience fait partie des capacités d'adaptation, c'est une capacité à rebondir, à reconstruire, à vivre avec », définit Lara Jalwan, psychologue clinicienne. « Ce qui est particulier dans la SEP, c'est que les patients sont souvent confrontés, comme les proches, à des renoncements successifs, des deuils d'activités, de sorties, de possibilités de faire. Et à chaque fois cela demande des capacités nouvelles, différentes. On programme un diner, un symptôme apparaît et on est obligé de décommander. C'est un perpétuel réajustement. »

D'après le livre La résilience, de Rosette Poletti et Barbara Dobbs (aux éditions Jouvence), plusieurs facteurs favorisent la résilience dans l'enfance, notamment le tempérament de l'enfant (s'il est confiant et capable de demander de l'aide, il est mieux armé), son milieu affectif les premières années, et un environnement qui le soutient et le rassure. « À contrario, en cas d'environnement maltraitant, ou si on n'a jamais cru en nous, c'est plus difficile mais cela ne veut pas dire que l'on ne sera pas résilient ! », modère Lara Jalwan. « On peut trouver d'autres ressources et travailler sur soi. Nous sommes tous résilients, à des degrés divers. »

Quelles stratégies de résilience ?

Les patients apprennent à s'adapter, plus ou moins, parfois seuls, ou avec l'aide de proches, de professionnels de santé. Ils développent alors des stratégies, en fonction de leur tempérament ou de leurs ressources, quand une mauvaise nouvelle survient.

« La résilience touche à différents domaines, elle peut être émotionnelle, comportementale, mentale, ou encore relationnelle. Certains vont pleurer ; d'autres développent des stratégies comportementales, comme sortir, se changer les idées et apporter plus de légèreté. Ou certains se feront plaisir avec du shopping tandis que d'autres développeront des stratégies relationnelles, avec leurs proches. Cela peut être perçu comme une fuite mais parfois, on ne peut rien contrôler et une diversion sociale ou comportementale, qui n'a rien à voir avec la situation difficile, permet de mieux digérer la difficulté. » L'action est également une stratégie utilisée quand on peut agir sur un problème.

« Dans la SEP, cette capacité à la résilience est particulièrement forte parce que le patient est confronté quasiment tous les jours ou toutes les semaines, à des microtraumatismes et des deuils successifs ! Ils sont particulièrement résilients du fait de la spécificité de la pathologie, qui demande des ajustements successifs mais ils ont aussi appris à développer des ressources et à trouver des stratégies. C'est leur façon de continuer à vivre ! »

Comment développer sa résilience ?

Est-il possible de développer la résilience ? « Oui, en utilisant un peu de chaque type de résilience, un peu d'émotionnel, un peu d'action, un peu de diversion sociale », estime Lara Jalwan. Il peut être intéressant de partager les expériences d'autres personnes si elles sont constructives et inspirantes. On peut ainsi se rapprocher de patients positifs et moteurs pour partager et développer des stratégies, et se sentir soutenu. Les différents professionnels de santé, médicaux et paramédicaux, peuvent également offrir des points de vue et des partages différents aux patients.

Pour les auteurs Rosette Poletti et Barbara Dobbs, la communication est très importante pour développer sa résilience, elle sert à déposer le fardeau de ce que l'on vit et à créer de l'échange. Même si elle est parfois risquée en cas de personnes peu empathiques, elle s'avère indispensable. D'où l'intérêt d'apprendre à bien communiquer, auprès d'un psychologue par exemple.

Reprendre un semblant de maîtrise sur les circonstances serait d'une grande aide, et elle est plus simple à distance du traumatisme. Il peut s'agir d'actions simples remettre de la régularité dans sa vie, par exemple en s'inscrivant à un cours de sport ou artistique, en se forçant à aller marcher même sur un temps court. Les personnes résilientes sont souvent convaincues que leur souffrance n'est pas absurde ou inutile. Donner du sens à la maladie en s'investissant dans une association, auprès d'autres patients pour transmettre son expérience et ses conseils, peut ainsi aider à développer sa résilience.

Pour aller plus loin

- La résilience, de Rosette Poletti et Barbara Dobbs, éditions Jouvence, 4€95
- La nuit j'écrirai des soleils, Boris Cyrulnik, éditions Odile Jacob, 22€90

Publié le : 11/11/2020

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