SEP et perte de poids : quels risques ? Comment reprendre ?

Il n'est pas rare de perdre du poids avec une sclérose en plaques. Quels sont les risques ? Quand s'inquiéter ? Et surtout comment reprendre du poids ?

L'index de masse corporelle ou IMC, est un paramètre qui définit le poids correspondant à une bonne santé. Il s'agit du poids en kilogrammes, divisé par la taille au carré. Il doit idéalement être compris entre 18,5 et 25 kg/m2. En dessous de 18,5 kg/m2, on parle de maigreur.

« Nous avions fait une étude NUTRISEP*, avec 360 patients », commente le Dr Cécile Donzé, spécialiste en rééducation et médecine physique. « La moyenne des IMC était de 24, donc normale, avec peu d'obèses. La perte de poids avec une SEP a lieu pour différentes raisons : à cause de la fatigue, des troubles du goût ou de la déglutition, du handicap moteur, d'une dépression... ou parce que le patient mange peu, avec un seul repas par jour. »

Le risque de la perte de poids avec une SEP

Dans les cas évoqués ci-dessous, faire ses courses et/ou se faire à manger se révèle beaucoup plus compliqué. Lorsque l'on ne sent pas ce que l'on mange, il n'y a aucun plaisir dans l'alimentation. Un trouble de la déglutition, quant à lui, peut favoriser l'exclusion des aliments provoquant la fausse route et par ce biais la dénutrition.

« Le risque est de perdre des muscles car il n'y a pas que la graisse qui part », analyse le Dr Donzé. « Le patient manque alors de protéines et ce qui aggrave le déficit moteur et la fatigue. On ne peut pas demander à un corps de bouger si on ne lui apporte pas de carburant ! »

La restriction alimentaire est parfois volontaire mais non moins dangereuse : « Certains patients font des régimes complètement idiots pour guérir de la SEP ou se ruinent pour des régimes mis au point par des naturopathes, c'est révoltant ! » s'exclame la spécialiste. « Ça peut être vraiment délétère. »

L'alimentation avec une sclérose en plaques

Aucun régime n'a prouvé son efficacité pour combattre les symptômes ou ralentir son évolution. « De très nombreuses études sérieuses ont été réalisées sur l’alimentation dans le cadre de la SEP », explique ainsi le Dr Cécile Donzé. « Aucune n’a mis en évidence un effet bénéfique d’un régime ou d’un complément alimentaire sur l’évolution de la maladie ou sur sa guérison. »

Pour Zoé Desbouis, diététicienne, il faut aussi se demander si l'appétit est conservé ou pas. « S'il y a une perte d'appétit, elle est souvent d'ordre psychologique dans le cadre d'une dépression, avec une perte d'intérêt pour les choses qui normalement suscitent de l'intérêt » , détaille-elle. « Il est important de consulter son généraliste. Si l'appétit est conservé, sur du court terme (par exemple en poussée), il est inutile de s'inquiéter et la reprise de poids se fera spontanément. Si c'est sur du long terme, il y a de petits trucs qui peuvent fonctionner », reprend la diététicienne. « Il s'agit de manger suffisamment, avec au moins 3 prises par jour dans la journée. Il faut des repas qui plaisent : la priorité est de redonner le plaisir de manger ! Les collations sont intéressantes, à base de fruits, de laitages, d'oléagineux et on se fait plaisir aussi, avec un carré de chocolat » Eventuellement, on peut utiliser des compléments nutritionnels oraux, prescrits dans le cadre de la dénutrition, et disponibles en pharmacie.

Comment composer ses repas ?

Avoir une alimentation plus équilibrée avec un apport suffisant en nutriments et en calories, ne coule pas de source... Les repas sont dans l'idéal composés de légumes et de féculents, avec des protéines au moins une fois par jour. « Si la personne a perdu beaucoup de poids, les protéines doivent être présentes à midi et le soir. » On trouve les protéines dans les poissons, les viandes (de préférence la volaille), les œufs, ou encore le tofu, à couper en tranches ou en dés et à griller par exemple. D'après Zoé Desbouis, si l'on mange des « steaks de soja », il faut les choisis avec au moins 13 à 14 grammes de protéines par portion. De plus, il est conseillé d'utiliser des épices et des herbes, pour relever le goût des aliments et pour ne pas saler d’avantage, ce qui est déconseillé avec une SEP.

« C'est important de privilégier des plats qui font plaisir, des plats d'enfance », insiste la diététicienne « Les plaisirs des repas ensemble sont aussi très importants, c'est convivial... Manger seul n'est pas aussi joyeux que manger à plusieurs. Si on peut faire quelques repas par semaine en compagnie, c'est mieux... »

Pour en savoir plus :

• Le site Manger bouger fourmille de conseils pratiques et de recettes pour équiliber ses repas
https://www.mangerbouger.fr/Manger-mieux

• La fabrique à menus est un assistant pour planifier des menus gourmands et de saisons.
https://www.la-fabrique-a-menus.fr/

Article : Les interlocuteurs médicaux
*Leclercq-Lesage. 2009. Enquête NUTRISEP : comparaison du comportement alimentaire des patients atteints de sclérose en plaques et une population du Nord Pas de Calais. https://www.worldcat.org/title/enquete-nutrisep-comparaison-du-comportement-alimentaire-des-patients-atteints-de-sclerose-en-plaques-et-une-population-du-nord-pas-de-calais/oclc/758722958

Publié le : 24/01/2020

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