LA RÉÉDUCATION ET LA SEP

L’intérêt d’un séjour en rééducation

Au fur et à mesure de son évolution, la sclérose en plaques est susceptible d’entraîner différentes déficiences et des handicaps de degré variable. Pour limiter leur répercussion, un séjour dans un service de médecine physique et de réadaptation (MPR) est alors envisageable.
Le Dr Léo Borrini, du service de MPR de l’Hôpital d’Instruction des Armées Percy à Clamart, explique pourquoi et comment.

Difficultés de déplacement, fatigue, altération du fonctionnement d’un membre, troubles de la mémoire ou de la concentration, etc., les atteintes fonctionnelles ou cognitives liées à la sclérose en plaques peuvent être très diverses, avec une intensité variable d’une personne à une autre. Dans tous les cas, il est possible d’agir contre ces conséquences de la maladie afin d’en limiter les répercussions au quotidien et améliorer la qualité de vie des patients. C’est le rôle de la médecine physique et de réadaptation. Son objectif est en effet de pallier autant que possible les déficits, les restrictions d’activités et les handicaps liés à la SEP, par plusieurs approches complémentaires.

La prise en charge en MPR débute la plupart du temps par une évaluation complète lors d’une consultation ou d’une hospitalisation courte. « À partir d’un interrogatoire, nous passons en revue et évaluons de façon poussée toutes les problématiques potentielles, sur le plan de la fatigue, les troubles moteurs, oculaires, cognitifs, urinaires, spasticité, etc., explique le Dr Borrini. Cela nous permet de cerner toutes les anomalies présentées par le patient, comment il les perçoit et vit avec, et de déterminer avec lui quelles sont ses attentes. Pour chaque point ciblé, nous essayons ensuite de proposer une solution, qu’elle soit éducative, médicale, rééducative ou d’appareillage. »

Une prise en charge multidisciplinaire et personnalisée

Le médecin de MPR ne travaille jamais seul. La prise en charge qu’il propose est toujours multidisciplinaire et fait intervenir différents professionnels, de manière coordonnée et adaptée à chaque patient. Ainsi, il peut être fait appel à un kinésithérapeute pour tous les aspects moteurs, c’est-à-dire le renforcement musculaire, l’endurance, l’équilibre, la marche, les postures, l’utilisation d’aide à la marche si nécessaire. L’ergothérapeute intervient sur les aspects fonctionnels pour évaluer et rééduquer des activités de la vie quotidienne : se laver, s’habiller, se faire à manger, utiliser sa voiture... Il peut aussi déterminer les aides techniques nécessaires. Par exemple, du matériel adapté qui facilite la préparation des repas, ou l’aménagement du domicile. L’ergothérapeute est aussi celui qui peut aider à choisir un fauteuil roulant lorsque celui-ci devient indispensable pour se déplacer.

Le choix à la fois du type de matériel et du modèle ne doit en effet rien au hasard. De son côté, l’orthophoniste intervient sur les troubles cognitifs lorsque des difficultés d’attention, de mémoire, de langage ou de concentration surviennent. Enfin, le psychomotricien s’attache à travailler avec le patient sur son schéma corporel, quand, par exemple, un membre ne fonctionne plus, il aide à se réapproprier ce « nouveau corps ». Il peut également travailler dans les domaines de la détente et de la relaxation dans les cas de douleurs chroniques ou de troubles du sommeil.

Une unité de lieu et de temps

Lorsque les séquelles sont importantes, il peut être proposé une hospitalisation dans un service de MPR. « L’intérêt, c’est de proposer une unité de lieu et de temps, explique le Dr Borrini. Il est ainsi possible de mettre en place un programme de rééducation individualisé, avec une certaine intensité, ce qui permet d’obtenir de bons résultats. Le patient n’a pas besoin de se déplacer d’un professionnel à un autre, ce qui est parfois compliqué à organiser « en ville », c’est-à-dire avec des professionnels exerçant dans un cabinet libéral. Les séances avec les différents intervenants sont planifiées tout au long des journées. L’autre avantage de l’hospitalisation, si le patient l’accepte, c’est que ce dernier est coupé de sa vie quotidienne. On s’occupe de lui 24 heures sur 24, il a juste à penser à lui et à sa rééducation. »

L’hospitalisation pour un séjour de rééducation dure généralement autour de trois semaines. « C’est la durée idéale, poursuit le Dr Borrini. Elle permet d’obtenir de bons résultats sans complètement chambouler la vie des patients. Par ailleurs, les programmes sont assez intensifs. S’ils duraient plus longtemps, la fatigue engendrée deviendrait trop importante et atténuerait les bénéfices obtenus. »

Le relais après le séjour

Une fois le séjour terminé et le retour à domicile, le médecin de MPR peut proposer, si cela est nécessaire, le suivi des soins de rééducation en ville. Par exemple, faire régulièrement des séances de kinésithérapie pour entretenir les améliorations obtenues. Quand des troubles cognitifs sont présents, il est également souvent nécessaire de poursuivre le travail avec une orthophoniste libérale, afin que les progrès s’inscrivent dans le temps. Pour certains handicaps, l’équipe de MPR aura appris au patient à faire des auto-exercices qu’il peut ensuite reproduire chez lui. « Pendant l’hospitalisation, on s’occupe de chacun des problèmes du patient sur une courte période, indique le Dr Borrini. Pour certains, cela leur permet de passer un cap fonctionnel. Dans tous les cas, il doit ensuite s’approprier les axes de rééducation pour les mettre en place au long cours. »

Le séjour en rééducation est généralement bénéfique à tous points de vue. Mais, parfois, il n’est pas suffisant. Soit parce que la maladie évolue, soit parce que les handicaps sont nombreux, soit enfin parce que les soins en ville sont difficiles à organiser et à maintenir dans le temps. Il est alors possible, après une nouvelle évaluation par le médecin de MPR, d’être à nouveau hospitalisé. Certains patients, qui nécessitent une prise en charge assez intensive, font ainsi deux à trois séjours en rééducation par an.
C’est aussi l’intérêt de la MPR de s’adapter aux besoins de chaque malade.

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