Comment gérer l'angoisse de l'avenir ?

La SEP est caractérisée par son imprévisibilité, en termes de poussées, de handicap qui progresse, de forme rémittente qui évolue en forme progressive…

Les patients sont contraints d'accepter cette maladie et l'angoisse qui en résulte. Comment y parvenir ? Faut-il forcément se faire aider par un psychologue ou pas ? Réponses avec Charlotte Kayes, psychologue psychothérapeute.

Comment vivre avec l'angoisse de l'avenir ?

Tout d'abord, il est important d'apprendre à connaître sa maladie, son trouble, car pour accepter les choses : il faut comprendre et connaître.

Ensuite, il faut trouver un accompagnement personnalisé adapté… Il ne s'agit pas forcément d'un psychothérapeute, il peut s'agir d'un sophrologue, d'un acupuncteur ou même d'un cours de yoga simplement.

A fortiori en ce qui concerne la SEP, l'accompagnement est différent selon chaque personne car les symptômes et les besoins ne sont pas les mêmes pour tous, même s'il y a une base commune évidemment. De plus, tous les troubles ne sont pas directement provoqués par la SEP : une mauvaise gestion de l'angoisse peut conduire à d'autres symptômes, tels que les troubles alimentaires, les phobies, les crises d'angoisse… Si le principal problème est l'angoisse, la dépression ou tout trouble d’ordre psychologique, un psychothérapeute est nécessaire.

Mais dans tous les cas, si on lutte contre cette maladie au lieu de l'accepter, elle aura de plus en plus de poids ; on risque d'être dans une phase de déni qui aggravera le trouble. Il faut avoir conscience que les premiers moments sont bien plus angoissants que la suite, puisqu'on commencera à s'adapter, à accepter la maladie au lieu de la rejeter et à vivre avec elle.

Accepter, est-ce inéluctable ?

A un moment donné oui, si l'on se bat contre ou que l'on est dans le déni : soit on ne se soigne pas correctement, soit les troubles associés (par exemple l'angoisse qui peut prendre différentes formes) prennent une plus grande place.

Donc on est obligé de passer par la phase d'acceptation si l'on veut vivre avec : il faut se rendre compte que l'on n'a pas le choix, on doit vivre avec et trouver des solutions afin de vivre le mieux possible en cherchant des astuces pour pallier son ou ses handicap(s).

Cela étant dit, il ne faut pas confondre le fait que l'on est atteint d'une SEP avec un arrêt de mort : on n'arrête pas de vivre à cause d'une SEP ! Certes, le trouble est présent et invalidant mais en apprenant le fonctionnement de la maladie et son propre fonctionnement, on peut en ralentir les effets et mieux vivre avec… Le déni ou la non-acceptation ne chasse pas la maladie mais fait augmenter le niveau d'angoisse.

Faut-il pratiquer la relaxation ou la méditation ?

Je recommande des exercices de relaxation uniquement à ceux pour qui c'est possible. Je ne le recommande pas pour tous car certaines personnes vont développer les pensées anxieuses durant les exercices de relaxation : elles vont penser à tout ce qui les inquiète, ce qui fait monter leur niveau d'angoisse et ne les aide pas du tout !

Certaines personnes ont besoin d'être dans l'action pour court-circuiter cette angoisse ; ce n'est pas non plus la solution : le but est de se rendre compte qu'il y a de l'angoisse et de trouver le professionnel qui vous aidera en fonction de votre personnalité et de vos difficultés à faire décroître cette angoisse et apprendre à la décharger, à l’évacuer régulièrement, voire à vous en débarrasser définitivement !

Donc la méditation, c'est très bien pour ceux qui arrivent à couper, à lâcher prise, à avoir un calme intérieur, ce qui est difficile à atteindre quand on est angoissé… Pour d’autres, il est difficile d’accrocher : en trouvant cela trop léger par rapport à leur angoisse importante, pas assez puissant pour drainer toute cette angoisse (le niveau d'angoisse est tel que la relaxation ne suffira pas, en tout cas tant que l'angoisse est massive). Et sans parler d'angoisse, certaines personnes ne supportent pas d’être mises dans cette inactivité, dans cette position de passivité ; c'est une question à la fois de structure psychique et de la personnalité de chacun.

Quand et qui consulter en cas d'angoisse ?

L'angoisse nécessite une thérapie de soutien, pas une psychanalyse : parce que dans le cas de la sclérose en plaques, il y a un trouble réel, une difficulté réelle, qui ne nécessite pas une déconstruction des mécanismes de défense. Ce n'est pas la peine de remonter à l'enfance ! La psychanalyse n'est donc pas forcément adaptée, sauf en cas d'histoire personnelle très compliquée ou simplement d'envie…

Il faut consulter quand on s'aperçoit que les épreuves que l'on vit sont trop difficiles à gérer, à accepter, que le niveau d'angoisse et de stress commence à se convertir dans le corps à travers des symptômes aussi divers que toutes les pathologies qui existent (une phobie, une compulsion alimentaire, une dépression…). Car le propre de l'angoisse est d'utiliser un chemin dans le corps qui a déjà été frayé auparavant par une douleur chronique ou une faiblesse biologique. Elle emprunte un chemin qui existe déjà, et elle augmente un trouble qui existe déjà.

Pour déterminer qui consulter, cela dépend de ce qu’on recherche comme accompagnement, des difficultés auxquels on est confronté :

  • si les difficultés sont dans le corps, on opte pour du yoga, de la sophrologie, de la kinésithérapie, des séances de kiné ou d’ostéopathie, de la kinésiologie, la psychanalyse et des thérapies comportementales ;
  • s'il y a une angoisse marquée ou une difficulté d'acceptation, on s'oriente vers un psychothérapeute, un psychologue ou un psychanalyste.

Que peut apporter la prise en charge psy ?

Elle apporte la délivrance de l'angoisse, un soutien indéfectible sans aucun jugement, sans culpabilité, sans sentiment de dette envers un proche, sans peur de l'abandon. Il s'agit d'un accompagnement quotidien des difficultés que vous rencontrez (par exemple, en cas de nouvelle poussée, certains thérapeutes peuvent se déplacer à votre demande, à votre domicile comme à l'hôpital, pour vous aider dans ce moment de crise, difficile et inquiétant).

Le but aussi est de pouvoir tout dire : la colère, l'angoisse, la tristesse, le dégoût, la honte, la culpabilité, le sentiment d'injustice qui caractérise souvent les personnes atteintes de ce trouble chronique.

Et enfin la prise en charge adaptée apporte la sérénité et surtout l'abandon des symptômes qui n'étaient pas liés à la maladie mais à l'angoisse, et qui pourrissent parfois la vie bien plus que la maladie elle-même.

Date de publication : Juin 2016

Date de mise à jour : Mars 2023
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