Emploi et handicap : les clés pour réussir votre entretien professionnel

Dois-je parler de mon handicap ?

C'est probablement la question que se posent les personnes en situation de handicap, avant un entretien professionnel ! Et pour cause, car il y a des risques et des avantages à bien peser.

Au moins 6% de travailleurs handicapés

Sachez tout d'abord que la loi pose un cadre rassurant : il existe une obligation d'emploi pour les entreprises de plus de 20 personnes. Elles sont censées embaucher au moins 6% de personnes en situation de handicap (faute de quoi, elles s'acquittent de contributions). Il y a donc des avantages financiers pour l'entreprise à la clé.

Ce quota concerne ceux et celles qui disposent d'une reconnaissance de leur handicap :

  • RQTH : reconnaissance de la qualité de travailleurs handicapés,
  • pension d'invalidité,
  • ou carte mobilité inclusion portant la mention invalidité.

Cette reconnaissance débouche sur la possibilité d'avoir des compensations du handicap, afin de rester performant. Il peut s'agir de télétravail, d'aménagement des horaires ou du poste de travail, etc.

De nombreuses entreprises peinent à recruter des personnes en situation de handicap, alors que le taux de chômage est plus élevé. Mais rassurez-vous, les entreprises inclusives sont de plus en plus nombreuses heureusement.

Renseignez-vous sur l'entreprise et soyez au clair avec vous-même

Tout entretien professionnel doit être anticipé, en étudiant les besoins de l'entreprise, le contenu du poste, etc.

En ce qui concerne le handicap, il est intéressant de chercher sur internet des informations sur l'entreprise : est-elle "handy-friendly" (favorable au handicap) ? Dispose-t-elle d'une mission handicap ou d'un référent handicap ?

En cas de réponses positives, aborder le handicap sera plus fluide et cela peut vous rassurer en amont.

C'est aussi l'occasion de faire le point sur votre rapport au handicap ou à la maladie.

Où en êtes-vous avec le sujet ? En parlez-vous de façon apaisée ou avez-vous du mal à l'accepter, ce qui peut impacter votre discours ? Vous pourriez être sous le coup d'émotions négatives, ce qui peut être bloquant pour un recruteur.

Cette étape permet de rôder le discours que vous tiendrez avec votre interlocuteur. N'hésitez pas à le répéter devant d'autres personnes.

En parler ou pas : avantages & inconvénients

Si la maladie ou le handicap nécessite des adaptations comme du télétravail ou un temps partiel, il est préférable d'en parler. A fortiori si rien ne se voit, comme 80% des handicaps et si vous ne l'avez pas mentionné sur votre CV.

Le risque si vous ne bénéficiez pas des adaptations dont vous avez besoin, est de vous mettre en danger. Vous prendrez sur vous et surcompenserez au départ, mais l'épuisement, voire une majoration des symptômes surviendront au fil du temps.

Vous risquez également de ne pas être aussi performant que votre employeur l'imagine. Ce qui peut se solder par une expérience professionnelle négative, diminuant votre confiance en vous, en vos capacités à travailler malgré votre handicap.

En revanche, si vous en parlez, vous pourrez bénéficier des adaptations nécessaires, votre performance est maintenue sans altérer votre santé. N'hésitez pas à mentionner les aides financières dont bénéficie l'entreprise embauchant un travailleur handicapé.1

Ne soyons pas naïfs, certains recruteurs ou managers n'auront pas la capacité, l'envie ou la possibilité de s'adapter. Le handicap reste le principal motif de saisine du Défenseur des droits. Pas de regret dans ce cas, l'expérience se serait probablement mal passée.2

Comment en parler ?

N'oubliez pas que les premières impressions comptent !

  • Travaillez votre « body language » (une voix posée, le regard franc, une posture confiante et souriante, une tenue soignée).
  • Pendant l'entretien, faites valoir vos compétences avant toute chose ! C'est votre expertise qui compte.
  • Professionnalisez votre discours. Autrement dit, évitez le discours trop médicalisé, trop personnel ou émotionnel, ainsi que tout ce qui qui relève d'informations privées.
  • En revanche, quand vous abordez votre handicap, faites-le en termes de besoins d'adaptations, d'aménagements afin que l'employeur les mette en place dans la sphère professionnelle.

    Pour se faire, déterminez au préalable toutes les conséquences de votre maladie ou handicap sur votre travail, poste et horaires de travail, l'accessibilité si besoin. Transposez-les systématiquement en termes d'aménagements et d'adaptations. Par exemple, la fatigue peut nécessiter davantage de télétravail, un temps partiel et/ou un des horaires adaptés ; des douleurs en station debout requiert un poste assis ou un fauteuil roulant nécessite des locaux accessibles.

  • Utilisez un langage positif et rassurant, ciblé sur les solutions (et non un discours centré sur vos limitations/contraintes/problématiques)
  • Recensez aussi tous les situations professionnelles antérieures où des solutions ont bien fonctionné. Ces exemples positifs sont rassurants pour l'employeur.

Pour aller plus loin

  1. Employeur | Agefiph - ouvrir l’emploi aux personnes handicapées
  2. 2022 : le handicap en tête des discriminations depuis 6 ans

Date de publication : juin 2023
7000039840-06/2023