La sclérose en plaques est connue pour provoquer des troubles sexuels, aussi bien chez les hommes que les femmes. Elle peut affecter la libido, l'excitation sexuelle (qui se manifeste par l'érection et la lubrification), l'éjaculation mais aussi l'orgasme.
L'orgasme est une sensation de plaisir intense. C'est un réflexe, qui survient si l'excitation sexuelle augmente suffisamment.
Un trouble de l'orgasme concernerait 37 à 44,9%1 des femmes atteintes de SEP. Concrètement, cela signifie que l'orgasme ne survient pas, on parle d'anorgasmie. Ou l'orgasme demande beaucoup plus de stimulations et/ou de temps pour se manisfester.
Une étude2 de 2014 estimait que 23,1% des hommes n'avaient pas eu d'orgasme durant la majorité des stimulations sexuelles qu'ils avaient eues lors des 4 dernières semaines.
L'orgasme était "émoussé", autrement dit ressenti avec moins d'intensité, retardé ou absent.
Le trouble de l'orgasme est très frustrant pour la personne qui en souffre. La situation est aussi déstabilisante pour le ou la partenaire. Les troubles sexuels provoquent souvent une grande détresse, et aboutissent souvent à un évitement de la sexualité, pour ne pas être confronté(e) au trouble.
Comme tous les troubles sexuels, le trouble de l'orgasme peut être primaire, secondaire ou tertiaire.1,2
Attention, une difficulté à avoir un orgasme n'est pas toujours provoquée par la SEP. Il peut s'agir d'une méconnaissance de son corps (notamment chez les femmes), de stimulations inadaptées du (de la) partenaire, d'un(e) partenaire qui n'attire pas assez, etc.
En cas de baisse de la sensibilité génitale, les stimulations doivent être plus intenses et souvent plus longues. C'est là où les sex-toys ont un intérêt, en offrant des vibrations localisées et plus puissantes. Ils ne sont pas uniquement réservés aux femmes ni à la masturbation et peuvent être intégrés dans le rapport sexuel.
Les symptômes altérant l'accès à la sexualité et à l'orgasme doivent être traités pour améliorer celle-ci : c'est notamment le cas de la baisse de lubrification, d'un trouble de l'érection, des douleurs, des troubles urinaires ou anorectaux.
Lorsque la cause est un effet secondaire de médicament, il est intéressant de réfléchir avec le spécialiste à baisser les doses ou à changer de molécule quand cela est possible. Attention, un patient ne doit pas arrêter seul son traitement, c'est toujours en accord avec son médecin.
S'il s'agit d'une anxiété débordante, d'une dépression, d'un diagnostic compliqué à accepter, ou encore d'une difficulté de couple, les thérapies auprès d'un psychologue ou thérapeute de couple restent le meilleur moyen de retrouver une certaine sérénité.
Un sexologue peut aider à identifier la ou les causes (qui sont parfois intriquées) et les prendre en charge, en accord avec le neurologue. La prise en charge apprend également à lâcher prise, physiquement et psychologiquement ou à faciliter la compréhension et la discussion du couple.
C'est un soutien précieux auprès duquel partager ses craintes et ses difficultés. Il peut aussi guider la personne ou le couple vers une nouvelle sexualité, plus en adéquation avec le corps et ses limites, mais aussi riche en découvertes et en sensations.
La sexualité se nourrit de variété dans les positions, leurs enchaînements ou encore les lieux. C'est parfois plus compliqué avec une sclérose en plaques de varier l'activité sexuelle. Mais la variété reste accessible malgré tout, en développant sa curiosité sexuelle.
Pour tous ceux et celles qui manquent d'idées, les livres, BD ou podcasts érotiques fournissent des scenarii riches en idées nouvelles propices à stimuler l'imaginaire érotique, les fantasmes.
De la même façon, les zones érogènes classiques sont bien connues : le clitoris, le vagin, le pénis et les testicules. Mais le corps a une grande adaptabilité et des zones érogènes peuvent être découvertes ailleurs, comme le lobe de l'oreille, l'intérieur des cuisses. L'anus offre aussi des plaisirs parfois insoupçonnés. A deux, on en peut faire un jeu à la recherche de ses zones érogènes et en explorant tout le corps, par exemple grâce au massage érotique.
Lorsque l'orgasme nous échappe, il est trop tentant de le chercher à tout prix, de l'attendre sans relâche. Mais cette pression éloigne des sensations et ressentis, et donc du plaisir…
Que l'on soit seul(e), à deux ou plus, se détendre, profiter du moment sans objectif et loin de la performance, reste le meilleur moyen de savourer le rapport.
Des outils comme la psychologie positive et la méditation en pleine conscience sont également des aides intéressantes, en apprenant à positiver et à se centrer sur ses sensations. Le slow sexe peut aider à se libérer des injonctions, de l'obligation de la pénétration vaginale ou encore de la performance. Il apprend aussi à se centrer sur soi, sur son corps et celui de l'autre.
A lire pour en savoir plus !
La première brochure de Santé sexuelle avec une SEP vient de sortir. Rédigée par 3 sexologues, elle porte sur la santé sexuelle, la vie affective et intime. Les 2 prochaines aborderont les troubles sexuels l'une chez les hommes et l'autre chez les femmes. L'objectif ? Retrouver une sexualité et une vie affective épanouissante, malgré la maladie…
Date de publication : Novembre 2023
7000044210 - 11/2023