La sclérose en plaques est une maladie multifactorielle, provoquée par une combinaison d’éléments, notamment génétiques et environnementaux. Parmi ceux-ci, certains facteurs de risque sont dits modifiables1 : il est possible de diminuer leur impact en adaptant ses comportements.
"Ces facteurs sont intéressants parce que l'on a une prise sur eux", commente le Dr Bertrand Bourre, neurologue et auteur d'un article sur le sujet dans la Lettre du neurologue. "Il est possible de les influencer pour modifier leur impact sur la sclérose en plaques."
Qu'il s'agisse du tabagisme2 actif et passif, du manque de vitamine D1 (provoqué par le manque de luminosité), du virus Epstein-Bar2, responsable de la mononucléose, ou encore de l'obésité et de l'activité physique, leur impact sur le développement d'une SEP a été très étudié. Un niveau de preuve, qui permet de coter la fiabilité des résultats, a été déterminé.
"Le tabagisme et le manque de vitamine D sont les deux facteurs de risque modifiables avec le plus fort niveau de preuve (1a, soit de haute qualité)", ajoute le neurologue. "Il y a aussi le virus EBV, responsable de la mononucléose : lorsque les personnes contractent cette infection, ils ont 32 fois plus de risque de développer une SEP dans les années qui suivent. Mais on ne peut pas modifier ce facteur pour le moment."
L'obésité et le manque d'activité physique ont un niveau de preuve plus faible mais ils restent intéressants et sont associés à d'autres problèmes de santé. Mieux manger et bouger davantage relèvent d'une évidence et sont recommandés à toute la population, avec ou sans sclérose en plaques.
D'autre part, certains facteurs influencent négativement l'évolution de la maladie.
"Le tabagisme3 qu'il soit actif ou passif et la carence en vitamine D aggravent l'évolution de la SEP", confirme le Dr Bourre.
"C'est important de hiérarchiser la problématique", s'exclame le Dr Bourre. "Je ne demande pas à mes patients de modifier leurs habitudes de vie au moment du diagnostic parce que ce sera compliqué de tout gérer et c'est une période stressante. Je le fais dans un deuxième temps quand le traitement de fond est débuté et le diagnostic accepté. Je reviens sur les éléments modifiables d'hygiène de vie."
Bien manger et contrôler son poids1 sont deux conseils importants. Pour le Dr Bourre, aucun régime alimentaire restrictif n'est à recommander. En revanche, un régime équilibré, de type méditerranéen par exemple, avec beaucoup de fruits et légumes de saison, de féculents complets, sans trop de matière grasse et en privilégiant une huile plutôt riche en oméga 3.
"Comme la sclérose touche souvent des adultes jeunes, parfois encore étudiants, je leur recommande de trouver un juste équilibre plutôt que de tout changer d'un seul coup", conseille le Dr Bourre. "Ils peuvent introduire certains aliments progressivement, en privilégiant des fruits et légumes chez eux après un snack à l'heure du déjeuner, et en mangeant un fruit en cas de fringale plutôt qu'un aliment ultra-transformé."
L'arrêt du tabac1 est également nécessaire.
"Il faut arriver à diminuer, pas forcément à arrêter brutalement ce qui peut être très stressant", estime le Dr Bourre. "Pour gérer le stress du sevrage tabagique, je conseille l'activité physique. C'est une alternative qui permet de produire des endorphines, les hormones du bien-être et de mieux gérer le stress."
En cas de difficultés à arrêter seul, l'aide d'un professionnel de santé, tabacologue, généraliste, infirmière peut aider à passer le cap du sevrage et à tenir dans la durée.
7000029157-09/2022