Sclérose en plaques et maladie de Lyme, deux maladies bien distinctes

La maladie de Lyme entraîne parfois des symptômes similaires à ceux de la sclérose en plaques. Ces similitudes peuvent être source de confusions au moment du diagnostic. Il s’agit cependant de deux pathologies bien différentes qu’il est possible de distinguer lors de la démarche diagnostique. Le point avec le Dr Bertrand Bourre, du service de Neurologie du CHU de Rouen.

Qu’est-ce que la maladie de Lyme ?

Une maladie transmise par les tiques

La maladie de Lyme est une maladie infectieuse provoquée par une bactérie appelée Borrelia, dont il existe plusieurs espèces. Cette bactérie est portée par les tiques qui peuvent la transmettre à l’homme par morsure. La transmission se produit lorsque la tique pique à travers la peau pour se nourrir de sang (1).

Toutes les tiques ne sont cependant porteuses de la bactérie. Selon les régions, le taux de contamination des tiques varie en France de 2 % à 20 %. De fait, une piqûre de tique n’entraîne pas systématiquement une transmission de la bactérie Borrelia. De plus, la contamination dépend de la durée d’attachement de la tique : le risque de transmission augmente surtout après 24 heures d’attachement (2).

La maladie de Lyme est présente sur tous les continents. Mais c’est dans les régions tempérées et froides de l’hémisphère Nord qu’elle est la plus répandue (3). En France, son incidence est variable selon les régions. C’est dans l’Est et le Centre (Alsace, Lorraine et Limousin notamment) qu’elle est la plus élevée, à l’ouest et le sud méditerranéen qu’elle est la plus basse. Le nombre de nouveaux cas de maladie de Lyme diagnostiqués chaque année sur le territoire français se situe entre 25 000 et 55 000 selon les estimations disponibles. Ces dernières années, ce nombre apparaît être en augmentation. Ainsi, en 2018, les estimations font état de plus de 68 000 nouveaux cas diagnostiqués. En moyenne, 810 personnes sont hospitalisées chaque année pour une maladie de Lyme (2).

Une évolution en trois phases

Il est distingué trois phases dans l’évolution de la maladie de Lyme.

La phase primaire survient 3 à 30 jours après la piqûre de tique. La maladie est localisée à l’endroit de la morsure. Cette phase se caractérise par la survenue d’une lésion sur la peau appelée érythème migrant. Elle se présente comme une cocarde, avec un centre rouge entouré d’un cercle blanc, puis d’un « halo » rouge. Cette lésion est indolore. Elle croît de façon centrifuge et son diamètre est variable (15 cm en moyenne). La survenue de cette lésion n’est toutefois pas systématique (1,3).

« Dans la plupart des cas, la bactérie est éliminée à l’issue de la phase primaire », précise le Dr Bertrand Bourre.

La phase secondaire se manifeste plusieurs jours à plusieurs semaines après la piqûre quand la bactérie se dissémine dans l’organisme via la circulation sanguine. En l’absence d’un traitement antibiotique, la maladie peut se traduire par différents symptômes, en particulier au niveau de la peau (érythèmes qui se multiplient, survenue d’un ou plusieurs nodule) et du système nerveux. Les symptômes neurologiques sont variés : maux de tête, douleur le long des nerfs, paralysie d’une moitié du visage, inflammation des méninges… Il peut également survenir des symptômes oculaires (vision double notamment) (1,3).

La phase tertiaire survient, toujours en l’absence de traitement, plusieurs mois ou années après la piqûre. Elle correspond à une évolution chronique de la maladie avec des atteintes cutanées, articulaires et neurologiques. La survenue de cette phase est peu fréquente (1,3).

SEP et maladie de Lyme, pourquoi sont-elles parfois confondues ?

Plusieurs raisons expliquent que la sclérose en plaques et la maladie de Lyme sont parfois confondues.

Des diagnostics qui peuvent être compliqués

La maladie de Lyme est parfois difficile à diagnostiquer. Tout d’abord, les morsures de tiques peuvent passer inaperçues ; des personnes atteintes de la maladie n’ont ainsi pas le souvenir de s’être fait mordre. Ensuite, l’érythème migrant qui signale une morsure ne survient pas systématiquement. Enfin, les symptômes de la maladie, quand ils surviennent, sont variés et peu spécifiques (3).

Il est possible de mettre en évidence dans le sang des anticorps dirigés contre la bactérie. L’examen sérologique est toutefois rarement positif lors de la phase primaire de la maladie. De plus, une sérologie positive peut être le signe d’une infection ancienne mais qui n’évolue plus (3).

« Le diagnostic de la SEP est également parfois difficile à établir, en raison de la diversité des symptômes et de l’absence de tests diagnostiques spécifiques, explique par ailleurs le Dr Bertrand Bourre. Ce n’est qu’après s’être assuré de l’absence d’autres pathologies pouvant donner les mêmes signes que le diagnostic peut être établi. »

Des symptômes qui peuvent être communs

Lorsqu’ils surviennent, certains symptômes de la maladie de Lyme peuvent faire penser à une sclérose en plaques, en particulier les symptômes neurologiques (3).

« Les atteintes des nerfs du visage ou les troubles oculaires sont ainsi assez semblables », indique le Dr Bertrand Bourre.

Des lésions qui peuvent apparaître similaires à l’IRM

En cas de troubles neurologiques prononcés et de suspicion d’une maladie de Lyme, un examen du système nerveux central par IRM peut être pratiqué.

« Des lésions liées à la maladie de Lyme peuvent alors être mises en évidence à l’IRM, précise le Dr Bertrand Bourre. Elles touchent préférentiellement la substance blanche, comme dans la SEP. Cependant, elles sont généralement de plus petite taille et ne se situent pas dans les zones les plus évocatrices d’une sclérose en plaques. Un examen attentif de l’IRM permet de distinguer les deux pathologies. Mais il est vrai que certains éléments du compte rendu, sortis de leur contexte, peuvent être équivoque. »

SEP et maladie de Lyme, comment sont-elles distinguées ?

Lorsqu’une personne présente des symptômes neurologiques évocateurs d’une maladie de Lyme, une ponction lombaire est généralement réalisée. Cela consiste à prélever, dans le bas du dos entre deux vertèbres, un échantillon du liquide céphalo-rachidien (LCR), le liquide dans lequel baignent le cerveau et la moelle épinière. Il est alors possible de déterminer si des anticorps dirigés contre la Borrelia sont présents ou pas (3).

« Si la sérologie dans le LCR est positive, le diagnostic de la maladie de Lyme est très probable, explique le Dr Bertrand Bourre. En cas de résultat négatif, il est possible d’éliminer la responsabilité de cette pathologie dans la survenue des troubles neurologiques. On s’oriente alors vers d’autres causes possibles, dont la sclérose en plaques. »

La maladie de Lyme peut par ailleurs être traitée efficacement avec un traitement antibiotique approprié (1,3). « Si le traitement conduit à une disparition des symptômes, cela constitue une confirmation indirecte du diagnostic, poursuit le Dr Bertrand Bourre. À l’inverse, l’absence d’évolution favorable sous antibiotiques conduit à rechercher la présence d’une autre maladie. »

Enfin, compte tenu des différences dans la localisation et la présentation des lésions du système nerveux central associées à chacune des deux maladies, « l’examen attentif de l’IRM cérébrale permet d’orienter le diagnostic vers l’une ou l’autre », indique le Dr Bertrand Bourre.

En conclusion

Dans la très grande majorité des cas, la démarche diagnostique permet de bien distinguer maladie de Lyme et sclérose en plaques. « De toutes les manières, avant d’annoncer à un patient un diagnostic de SEP, le neurologue doit s’assurer de l’absence de toute autre pathologie pouvant donner les mêmes signes », conclut le Dr Bertrand Bourre.

Sources bibliographiques

1. Santé Publique France. Borréliose de Lyme : la maladie. https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-transmission-vectorielle/borreliose-de-lyme/la-maladie/#tabs
2. Santé Publique France. Borréliose de Lyme : données. https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-transmission-vectorielle/borreliose-de-lyme/donnees/#tabs
3. Enyclopédie Orphanet Grand Public. La maladie de Lyme. Mars 2008. https://www.orpha.net/data/patho/Pub/fr/Lyme-FRfrPub12159v01.pdf

Publié le : 19/01/2021

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