SEP : EXISTE-T-IL UN TERRAIN FAVORISANT ?

Bien que la maladie soit décrite depuis le XIXe siècle, les causes de la SEP restent mal connues. Le déclenchement de la maladie serait multifactoriel. Si on ne sait pas encore très exactement ce qui déclenche l'activation anormale du système immunitaire, il existe cependant plusieurs facteurs pouvant prédisposer à l'apparition de la maladie :

  • des facteurs propres à chaque individu (d'origine génétique) ;
  • des facteurs environnementaux ;
  • des facteurs infectieux.

Un terrain génétique ?

La SEP n’est pas une maladie héréditaire transmissible "classique", autrement dit qui se transmet par un gène.

En revanche, comme pour de nombreuses autres pathologies (par exemple l’hypertension artérielle ou le diabète), la susceptibilité de développer une SEP est vraisemblablement influencée par plusieurs gènes ou familles de gènes. Pris séparément, la responsabilité de chacun de ces gènes ou familles de gènes est faible. Tous les gènes incriminés ne sont pas encore connus, mais certains commencent à être identifiés.

C'est ce que l'on appelle une prédisposition génétique. La SEP ne surviendra que si d'autres facteurs interviennent, comme les facteurs environnementaux et infectieux. En pratique, il n’y a donc pas de conseil génétique à prévoir, comme c'est le cas pour les maladies génétiques.

Des facteurs environnementaux ?

L'impact des facteurs suivants sur la survenue d'une SEP a été très étudié, qu'il s'agisse du manque de vitamine D (provoqué par le manque de luminosité), du tabagisme actif ou passif, ou encore de l'obésité et de l'activité physique.

Un niveau de preuve, qui permet de coter la fiabilité des résultats, a été déterminé pour chacun de ces facteurs.

Le tabagisme et le manque de vitamine D sont les deux facteurs de risque modifiables avec le plus fort niveau de preuve (1a, soit de haute qualité) :

Le manque de vitamine D, provoqué par le manque de luminosité, pourrait expliquer la fréquence plus importante de la SEP en Europe du Nord. Par ailleurs, l’influence des facteurs environnementaux s’exercerait avec prédilection pendant l’enfance. Ainsi, il a été observé que la fréquence de la SEP reste celle du pays d’origine pour les populations ayant migré après l’enfance (après 15 ans), alors que les enfants migrants très jeunes vont acquérir le risque théorique de développer la maladie correspondant à celui du pays d’accueil.

Autres facteurs favorisants : le tabagisme, qu'il soit actif ou passif, est également incriminé.

Les facteurs géographiques, probablement par le biais de l'ensoleillement, ont une influence sur la probabilité de présenter une SEP. La fréquence de la maladie est en effet très variable selon les régions : elle est plus importante dans les pays du nord, et on observe une diminution très nette lorsque l’on se rapproche de l’équateur.

Par ailleurs, l'obésité et le manque d'activité physique ont un niveau de preuve 2a, ce qui signifie que les preuves scientifiques sont moins fortes que pour la vitamine D ou le tabagisme. Il est tout de même intéressant d'agir sur ces facteurs car ils sont associés à d'autres problèmes de santé.

A ce jour, les connaissances sur les facteurs environnementaux restent insuffisantes pour pouvoir envisager une prévention de la SEP.

Des facteurs infectieux ?

Les scientifiques ont longtemps cherché une origine infectieuse à la SEP et de nombreux virus ont été évoqués à tour de rôle.

L'année 2022 a marqué un tournant, avec la publication d'une étude confirmant le rôle du virus EBV, responsable de la mononucléose. Ce virus est extrêmement commun puisqu'il touche 95% de la population.

Les chercheurs ont comparé la fréquence de la SEP chez les personnes porteuses de l'EBV et chez les personnes qui ne le sont pas. Le verdict est sans appel : avoir une infection EBV multiplie par 32 le risque de développer une SEP dans les années qui suivent, et serait un des premiers signes précédant la maladie, survenant avant même les symptômes de SEP. Ils ont également étudié si d'autres virus augmentent le risque, mais seul l'EBV était concerné.

Les chercheurs concluent en appelant à davantage de recherche pour la mise au point d'un vaccin contre la mononucléose. Pour le moment, aucune action de prévention ne peut être mise en place au vu de la circulation du virus.

Quid de la polémique « SEP et vaccination » ?

Des controverses ont soulevé l’hypothèse d’un lien entre la SEP et la vaccination contre l’hépatite B et les vaccins contre les infections à papillomavirus. Les nombreuses études entreprises pour évaluer la sécurité de ces vaccins ont été rassurantes réaffirmant ainsi l’absence de lien de causalité entre ces vaccins et la survenue de la sclérose en plaques.

Sources bibliographiques

https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-neurodegeneratives/article/la-sclerose-en-plaques

Etudes :

  • Lifestyle-based modifiable risk factors in multiple sclerosis: review of experimental and clinical findings. Jakimovski D. Neurodegener Dis Manag 2019
  • Smoking and Multiple Sclerosis: An Updated Meta-Analysis. Handel AE. 2011
  • Longitudinal analysis reveals high prevalence of Epstein-Barr virus associated with multiple sclerosis. Bjornevik. Science. 2022
  • Vitamin D in early life and later risk of multiple sclerosis—A systematic review, meta-analysis. K. Ismailova. 2019
  • La revue du neurologue, Les facteurs de risque modifiables de la SEP, Dr Bertrand Bourre

Date de publication : Juillet 2023
7000039840-07/2023

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