Les bons gestes pour mobiliser son proche

Article réalisé avec la contribution d’André Dolci, kinésithérapeute à Sète (34)

Vivre aux côtés d’une personne atteinte de sclérose en plaques, l’accompagner au quotidien, nous impose d’être à son écoute. Nous observons les gestes qui lui font du bien, qui le soulagent et nous essayons de les mémoriser pour l’aider quand cela devient nécessaire. Avec son kinésithérapeute, vous pouvez partager certaines séances, participer avec votre proche et bénéficier ensemble des avantages de la pratique d’une activité physique régulière.

La kinésithérapie occupe une place centrale dans la prise en charge des troubles moteurs de la sclérose en plaques. Que ce soient les massages, les étirements, la physiothérapie et la rééducation, le kinésithérapeute dispose d’un nombre important de moyens pour soulager la douleur, réduire la spasticité, entretenir la mobilité articulaire et éviter les rétractions et les limitations articulaires. Tout patient devrait idéalement bénéficier d'un traitement par kinésithérapie, dès qu'il souffre de faiblesse, de troubles de l'équilibre, de maladresse, de spasticité, de douleurs ou de troubles de la marche.

Le kinésithérapeute met au point pour chacun de ses patients un programme personnalisé de soins et d’exercices pour stimuler une ou plusieurs fonction(s) touchée(s) par la sclérose en plaques. Il procédera par exemple à un travail musculaire en cas de déficit moteur, à des étirements et postures en cas de spasticité ou à un travail de l’équilibre et de l’endurance.
Selon les capacités de son patient, il peut lui conseiller également des activités physiques et sportives adaptées pour entretenir ses capacités physiques.
Mais chaque sclérose en plaques est particulière et différente. Ce qui peut soulager chez l’un peut aggraver chez l‘autre. Par exemple les douches ou les bains froids peuvent diminuer la spasticité chez certains ou avoir l’effet contraire chez d’autres.

Sachant ce qui soulage notre aidé, nous pouvons aussi être amené à relayer certains gestes du kinésithérapeute pour le soulager.
Il n’est pas question de se substituer au kinésithérapeute mais au contraire, sous son contrôle, d’accompagner votre aidé en relayant certains gestes qui le soulagent.

Passons en revue les gestes que vous pouvez appliquer avec votre aidé et qui seront définis et encadrés avec le kinésithérapeute.

1 - Améliorer la fonction musculaire par des exercices réalisés conjointement

Des exercices pratiqués en séries de 10 à 15 mouvements.

Membres inférieurs

  • Mollets : pointe pieds – talons (en position debout, se grandir, jusqu’à décoller les talons du sol. Une fois sur la pointe des pieds, maintenir cette position pendant quelques secondes).
  • Quadriceps : fente avant (en position debout, amener une jambe devant en conservant l’autre pied posé au sol et garder un angle au niveau du genou droit de 90°. Recommencer en changeant de jambe).
  • Psoas (en position debout, remonter le genou et le maintenir à 90°)
  • Moyen fessier (s’asseoir sur une chaise et poser les deux pieds au sol. Prendre appui sur les talons et se lever. Puis s’asseoir lentement jusqu’à ce que les fesses touchent la chaise)

Membres supérieurs

  • Fixateurs des omoplates (contre un mur accrocher ses poignets droit devant soi, tirer les bras, et plaquer ses omoplates contre le mur)
  • Renforcement de tout le membre supérieur avec des haltères (Pensez à bien déverrouiller les genoux).

Ces exercices seront effectués dans un environnement frais et aéré.

On pourra également mobiliser les différentes chaînes musculaires en utilisant un élastique ou un ballon ergonomique comme le gymball ou le swiss ball.

L’aidant peut participer aux exercices et entraîner son aidé. Il compte les exercices, et il les chronomètre.

2 – Etirer les muscles spastiques ou douloureux

Les étirements et les auto-étirements permettent de réduire et soulager la spasticité.

La spasticité est une raideur excessive des muscles extenseurs, des jambes et fléchisseurs des bras.
Elle augmente avec la mise en tension des muscles et peut entraîner des secousses incontrôlables, notamment au cours de l’effort, lors des émotions, ou encore pendant la nuit.

Elle peut être diminuée et soulagée par des étirements réalisés par le kinésithérapeute ou, après apprentissage par la personne elle-même (auto-étirements) ou encore par son aidant.

Les étirements sont à réaliser sur les muscles spastiques, plusieurs fois par jour, en privilégiant le soir. Le travail de la mobilité et de la souplesse permet d’améliorer les amplitudes.

Les exercices d’étirements seront pratiqués 3 temps :

  • la mise en tension musculaire,
  • le maintien de la posture
  • puis le relâchement et le retour à la position initiale

Tout au long des exercices d’étirement, il est important d’avoir une respiration profonde pour faciliter le travail musculaire en expirant d’une manière lente et progressive lors de la mise en tension du muscle.

3 – Renforcer l’équilibre

S’il existe des troubles de l’équilibre, certains exercices, encadrés par le kinésithérapeute peuvent être recommandés.

Par exemple : en position debout, les pieds écartés, faire passer le poids du corps d’une jambe sur l’autre, lentement de façon à pouvoir rester finalement sur une jambe (5 secondes) puis changer de jambe.

4- Augmenter le périmètre de marche

Si votre aidé possède ses capacités de marche, il est important de les entretenir et de garder une activité physique régulière. Pratiquer une activité physique permet de lutter contre la fatigue, de ressentir un bien-être corporel et d’entretenir les performances cognitives et cérébrales.
La marche est typiquement l’exercice auquel vous pouvez participer avec votre proche.
Il faudra toujours s’assurer de respirer profondément pendant la marche et de bien s’hydrater.

5 – Les massages et la mobilisation articulaire

Pour lutter contre les douleurs, les massages et la mobilisation par le kinésithérapeute peuvent apporter un soulagement chez certains patients.
Connaître les gestes qui soulagent peut être utile en cas de poussée douloureuse.

Lorsqu’un membre est déficient ou s’il présente des troubles sensitifs, il est moins utilisé. Le kinésithérapeute mobilisera les articulations déficientes pour éviter les rétractations ou les limitations articulaires.

Pour en savoir plus

Rééducation et auto-rééducation : Guide pratique à l’usage des personnes atteintes de sclérose en plaques – Sindéfi SEP
http://www.sindefi.org/wp-content/uploads/2012/05/Guide-patient-autor%C3%A9%C3%A9ducation.pdf

Rééducation et sclérose en plaques – Arsep - 2016
https://www.arsep.org/library/media/other/docs_patients/Brochures%202016/SEP-et-Reeducation-web-mars-2016.pdf

Publié le : 08/04/2021

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