La SEP et les plantes médicinales

Certains patients souffrant de maladie chronique ont tendance à se tourner vers les "médecines douces", aussi appelées médecines complémentaires. La phytothérapie en fait partie, les plantes semblant séduisantes car jugées plus "naturelles" que les médicaments.

Attention, elles ne sont pas dénuées d'effets secondaires ni d'interaction médicamenteuse. Elles ne doivent jamais être utilisées sans en parler à ses médecins, notamment le neurologue et le généraliste.

Les plantes ne sont évidemment pas un traitement de fond.

"Nous sommes avec la phytothérapie sur du soin de support, pour améliorer le bien-être des patients atteints de sclérose en plaques", précise d'emblée le Dr Laurent Chevallier, phytothérapeute. "On préconise des plantes en dehors des traitements de la poussée, pour laquelle on n'a pas de plante efficace pour l’instant démontrée."

Les indications de la phytothérapie

Un certain nombre de médicaments provient des plantes, comme la digitaline par exemple. L'agence nationale du médicament précise que la vente des plantes médicinales, inscrites à la pharmacopée française, réservée aux pharmaciens.

Liens vers les recommandations de l'ANSM :
https://ansm.sante.fr/qui-sommes-nous/notre-perimetre/les-medicaments/p/medicaments-a-base-de-plantes-et-huiles-essentielles#title

Liste des plantes inscrites à la pharmacopée :
https://ansm.sante.fr/uploads/2021/03/25/liste-a-des-plantes-medicinales-utilisees-traditionnellement-4.pdf

Mais de nombreuses plantes ne sont pas officiellement recommandées par les autorités sanitaires car les études prouvant leur efficacité manquent cruellement. La posologie efficace et la durée de prescription sont rarement prouvées.

"L'intérêt est de parfois limiter l'usage d'un médicament dans certains symptômes", évalue toutefois le Dr Chevallier. "C'est le cas par exemple en cas d'anxiété, de troubles digestifs, du sommeil."

D'après une méta-analyse1 de 2019 faisant le point sur la phytothérapie dans la SEP, le cannabis sativa pourrait être efficace contre la spasticité, tandis que le THC associé à du cannabidiol pourraient agir sur les spasmes musculaires, certains symptômes urinaires et la qualité du sommeil.

Le Dr Chevallier met toutefois en garde sur les aspects qualitatifs et toxicologiques du cannabidiol (en dehors de l'expérimentation en cours) proposé au public, et les arnaques fréquentes...

Dans cette même étude, les auteurs évoquent le rôle que pourrait avoir le Ginko bilboa dans les troubles cognitifs et le Boswellia papyrifera dans la mémoire spatiale.

  • L'anxiété

La mélisse4, anti-spasmodique est indiquée, notamment quand il y a des troubles digestifs fonctionnels associés à l'anxiété."

En effet une étude estime que la mélisse et la valériane pourraient avoir un effet anxiolytique2.

  • La constipation

"Pour la constipation, on donne des plantes douces comme le psyllum (aussi appelé ispagull) d'efficacité limitée mais pour lequel il y a peu d'effets secondaires. On les donne en tisanes car cela fait boire mais il faut rappeler aux patients que c'est surtout l'activité physique qui favorise le réflexe d'exonération."

  • Les troubles du sommeil

"Les plantes peuvent aussi être justifiés pour les troubles du sommeil, comme la passiflore en gélules ou la mélatonine", recommande le Dr Chevallier. Quand il y a une note dépressive, on propose plutôt de la valériane2."

Dans une revue médicale2 portant sur les effets des plantes médicinales dans l'insomnie due à l'anxiété, la valériane agirait sur le sommeil grâce à son effet anxiolytique. Elle agit également sur la tension nerveuse modérée et les troubles du sommeil, d'après l'European Medicines Agency.

Quant à la passiflore, elle aurait des effets à la fois sur le sommeil et sur l'anxiété2. l'European Medicine Agency la recommande toutefois contre les symptômes modérés de stress et de troubles du sommeil.

La mélatonine est recommandée par le Vidal en cas d'insomnie chez les personnes de plus de 55 ans mais en premier lieu, ce sont les thérapies comportementales qui sont conseillées.

Sources bibliographiques

Sources :



7000029157-08/2022