ALCOOL ET SCLEROSE EN PLAQUES

La consommation d’alcool a-t-elle une influence sur le risque de survenue de la SEP et sur l’évolution de la maladie ? La réponse est loin d’être claire au vu des études publiées. En tout état de cause, la modération vis-à-vis de l’alcool s’impose.

Boire un verre en couple ou avec des amis, à l’occasion d’une fête, d’un évènement ou tout simplement en passant un bon moment fait partie des usages pour beaucoup d’entre nous. Bien entendu, chacun le sait, la consommation trop régulière et/ou trop importante d’alcool présente des risques pour la santé. Mais qu’en est-il concernant la sclérose en plaques (SEP) ? Les études réalisées sur la question sont plutôt discordantes et il est difficile d’en tirer des enseignements pratiques.

Alcool et risque de survenue de la sclérose en plaques

C’est connu, la sclérose en plaques est une maladie dite multifactorielle, c’est-à-dire dont la survenue est influencée par de multiples facteurs, à la fois génétiques, environnementaux et comportementaux. Dès lors, il est compliqué d’identifier la responsabilité précise de chacun de ces facteurs. Les études sur l’alcool et la SEP en sont une illustration tant leurs résultats sont contradictoires. Deux publications récentes en attestent. Une étude réalisée en Iran(1) rapporte que la consommation d’alcool est corrélée avec une augmentation, modérée mais significative, du risque de survenue de la sclérose en plaques. À l’inverse, une étude danoise(2) indique que le fait de consommer de l’alcool pendant l’adolescence est associé à un moindre risque de développer une sclérose en plaques (SEP), chez les hommes comme chez les femmes. D’autres études encore ne retrouvent pour leur part aucun lien entre l’alcool et la maladie. Difficile donc de s’y retrouver !

Influence de la sclérose en plaques sur la consommation d’alcool

Peu d’études ont porté sur cette question. Selon certaines d’entre elles(3), la consommation d’alcool serait plus fréquente chez les personnes atteintes de sclérose en plaques (SEP) que dans la population générale. Mais cette consommation serait dans la grande majorité des cas faible à modérée. Globalement, les données disponibles sont insuffisantes pour savoir si la maladie et ses conséquences conduisent les personnes malades à davantage boire d’alcool que la moyenne.

Influence de l’alcool sur l’évolution de la sclérose en plaques

Les connaissances actuelles concernant les effets de l’alcool sur le cours évolutif de la sclérose en plaques ne sont guère plus claires que sur les précédentes questions. Certaines études(4) tendent à montrer un effet bénéfique de l’arrêt de toute prise d’alcool sur l’évolution de la maladie, en comparaison avec la poursuite de la consommation. Mais d’autres études(5) indiquent à l’inverse que l’alcool serait associé à une moindre progression des lésions fonctionnelles et des handicaps liés à la SEP. Ces dernières études laissent ainsi entendre que l’alcool aurait un effet « protecteur » sur l’évolution de la SEP. Si cet effet existe, ses mécanismes demeurent inexpliqués.

Interactions de l’alcool avec les traitements de la SEP

Les interactions entre l’alcool et certains des médicaments utilisés pour le traitement de la sclérose en plaques sont à l’évidence l’aspect le mieux connu des liens entre les boissons alcoolisées et la maladie. Certains médicaments, notamment parmi les traitements de fond actuellement disponibles, sont altérés par l’alcool. Il est donc déconseillé de boire une boisson alcoolisée peu avant ou après leur prise. D’autres médicaments ont par ailleurs des effets indésirables sur le foie qui peuvent être exacerbés par la prise d’alcool. Il est donc recommandé de se renseigner auprès de son neurologue sur les précautions à respecter vis-à-vis de l’alcool en fonction de son traitement.

En conclusion, il est bien difficile dans l’état des connaissances de savoir s’il est préférable d’éviter toute prise d’alcool ou s’il est possible d’en consommer sans risque quand on est atteint d’une sclérose en plaques. Dans tous les cas, il est recommandé d’en consommer de manière occasionnelle et en quantité modérée. D’autant que les effets de l’alcool, en cas d’abus, peuvent aggraver les troubles liés à la maladie, des difficultés à marcher ou à mémoriser par exemple, même si c’est de façon provisoire.

Sources

(1) Abdollahpour I, Nedjat S, Mansournia MA et al. Lifestyle factors and multiple sclerosis: A population-based incident case-control study. Mult Scler Relat Disord. 2018 May;22:128-133
(2) Andersen C, Søndergaard HB, Bang Oturai D. Alcohol consumption in adolescence is associated with a lower risk of multiple sclerosis in a Danish cohort. Mult Scler. 2018 Aug 20:1352458518795418
(3) Wang YJ, Li R, Yan JW et al. The epidemiology of alcohol consumption and multiple sclerosis: a review. Neurol Sci. 2015 Feb;36(2):189-96
(4) Paz-Ballesteros WC, Monterrubio-Flores EA, de Jesús Flores-Rivera J et al. Cigarette Smoking, Alcohol Consumption and Overweight in Multiple Sclerosis: Disability Progression. Arch Med Res. 2017 Jan;48(1):113-120
(5) Diaz-Cruz C, Chua AS, Malik MT et al. The effect of alcohol and red wine consumption on clinical and MRI outcomes in multiple sclerosis. Mult Scler Relat Disord. 2017 Oct;17:47-53

Publié le : 26/07/2019

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