Grossesse et SEP

Avoir un enfant avec la SEP, ce qu’il faut savoir

La maladie n’empêche pas d’avoir un enfant et n’a, en soi, aucune incidence sur le déroulement de la grossesse. La seule précaution particulière qui s’impose concerne les traitements de fond qui doivent être arrêtés bien à l’avance. Le point avec le Dr Laure Michel, neurologue au CHU de Rennes.

Bien souvent, la sclérose en plaques survient à un âge jeune, donc à une période de la vie où, pour les femmes malades, la question d’avoir un ou plusieurs enfants se pose. Forcément, avec la maladie, des interrogations surviennent : ma grossesse sera-t-elle normale ? Est-ce qu’il y a des risques pour l’enfant ? Ma maladie risque-t-elle d’évoluer plus rapidement ? En fait, le principal frein à faire un bébé est surtout d’ordre psychologique : il est légitime d’avoir des inquiétudes pour l’avenir, notamment quant à sa capacité à s’occuper de son enfant, lorsque la maladie est là et que son évolution est en grande partie inconnue.
C’est avant tout une décision personnelle, à discuter avec son conjoint ou partenaire. Car sur le plan physiologique, la sclérose en plaques n’empêche pas de concevoir un enfant. Ainsi, la maladie n’a aucune influence sur la fertilité. De même, elle n’influe pas sur le déroulement de la grossesse, ni sur le développement de l’embryon, puis du fœtus.

Même si peu d’études ont été réalisées jusqu’à présent sur cette question, le développement psychomoteur des enfants nés de mère atteinte d’une SEP apparaît tout à fait normal.

Un effet protecteur sur la maladie

Les connaissances actuelles sont donc rassurantes quant à l’enfant à venir. Quant est-il concernant la santé de la future mère ? Cette question a été bien étudiée. Il s’avère ainsi que la grossesse a un effet protecteur sur l’activité de la maladie. Il est en effet observé que les femmes font en moyenne moins de poussées pendant qu’elles sont enceintes, notamment au cours du troisième trimestre. « Il est probable que cet effet protecteur soit lié aux pics hormonaux, explique le Dr Laure Michel. Les taux d’œstrogènes et de progestérone augmentent pendant la grossesse et deviennent très importants durant le troisième trimestre. Ils ont vraisemblablement une activité antiinflammatoire qui, en quelque sorte, calme l’expression de la maladie. »

Après l’accouchement, les taux hormonaux redeviennent normaux. C’est ce qui explique qu’il peut survenir un « rebond » de l’activité de la SEP. Ainsi, il existe un risque plus élevé de faire une poussée dans les semaines qui suivent l’accouchement. Ce « rebond » de la maladie est toutefois limité dans le temps. Il s’observe essentiellement pendant les trois premiers mois, durant la période dite du post-partum. « Il existe une bonne corrélation entre l’activité de la maladie avant et après la grossesse, indique le Dr Laure Michel. En d’autres termes, si la SEP évoluait peu avant qu’une patiente tombe enceinte, ce sera souvent aussi le cas une fois qu’elle aura accouché. » Tout se passe donc comme si la grossesse était une parenthèse dans l’évolution de la maladie, qui reprend ensuite son cours sans modification particulière, dans un sens ou un autre.

L’arrêt du traitement de fond : à anticiper avec son neurologue traitant

La principale question qui se pose avant d’avoir un enfant concerne les traitements. Il est bien connu que bon nombre de médicament peuvent avoir des effets néfastes sur le développement de l’enfant pendant sa vie in utero, notamment au cours du premier trimestre de la grossesse. Ces effets dits tératogènes peuvent entraîner la survenue de malformations plus ou moins importantes, ou provoquer une fausse couche.

Qu'en est-il des traitements de fond chez une femme atteinte de SEP. Le risque est variable selon les médicaments. Certains médicaments de la SEP sont contre indiqués ou a éviter pendant la grossesse et d'autres peuvent être envisagés si l'état clinique le nécessite. Il est possible de prendre un traitement par corticoïdes si une poussée survient pendant la grossesse.

« Le message important pour toutes les patientes qui envisagent d’avoir un enfant est d’en parler bien à l’avance avec leur neurologue, souligne le Dr Laure Michel. Il est donc essentiel d’évoquer avec le neurologue son désir d’enfant pour que tout se passe dans de bonnes conditions. »

Une grossesse « accidentelle » est toutefois toujours possible. « Si une femme découvre qu’elle est enceinte alors qu’elle est sous traitement de fond, elle doit contacter en urgence son neurologue, poursuit le Dr Laure Michel. Ce dernier déterminera alors avec elle la conduite à tenir. En dernier ressort, si le neurologue n’est pas rapidement joignable, la patiente doit stopper d’elle-même la prise du médicament. »

Accouchement et allaitement

Une fois la grossesse parvenue à son terme, les conditions de l’accouchement ne présentent pas de spécificités du fait de la maladie. La péridurale est, si la femme le souhaite, parfaitement envisageable. Elle ne présente aucun risque sur l’évolution de la SEP et par rapport au risque de poussées. La seule difficulté qui peut éventuellement se présenter concerne les patientes ayant des déficits au niveau des membres inférieurs. Dans ce cas, il est possible de programmer une césarienne. Ce point doit être discuté avec le neurologue et le gynécologue obstétricien.

Après la naissance, si elle en fait le choix, la jeune maman peut allaiter son enfant. La seule contrainte alors est de poursuivre l’arrêt du ou des traitements. Certains médicaments peuvent en effet passer dans le lait maternel. En cas de poussées, l’allaitement devra être interrompu durant la prise des corticoïdes. Il est donc conseillé d’en discuter avec son neurologue durant la grossesse pour déterminer ce qui est préférable, en fonction du stade d’évolution de la maladie.

Restez informé

Chaque mois, un compte rendu
de l’actu Sep-Ensemble dans votre boite mail.

Breadcrumb