Tabac et SEP

Comme le montrent des études concordantes, fumer est un facteur de risque de survenue de la sclérose en plaques et peut accélèrer l’évolution de celle-ci.
SEP et tabac ne font donc pas bon ménage.

Plus personne ne l’ignore aujourd’hui, y compris les fumeurs les plus irréductibles, le tabac est néfaste pour la santé. Fumer expose à un risque important pour de multiples maladies, notamment des pathologies cardiovasculaires, de la sphère ORL ou pulmonaires, ainsi que des cancers. Les risques associés au tabac concernent également la sclérose en plaques (SEP).

Risque de survenue de la SEP

Un certain nombre d’études ont été menées pour déterminer si la consommation de tabac est associée à un risque plus élevé de développer une sclérose en plaques. Ces études sont concordantes : elle montre effectivement une augmentation du risque de survenue de la maladie chez les fumeurs par rapport aux non-fumeurs. Globalement, les personnes qui fument ont environ 1,5 fois plus de risque de développer une sclérose en plaques que celles qui ne fument pas1. L’augmentation du risque est modeste, mais pas nulle pour autant.

Cette augmentation du risque concerne les fumeurs mais aussi, même si c’est dans une moindre mesure, les personnes exposées au tabagisme passif. Il a été montré que le risque est dose-dépendant : plus une personne fume depuis longtemps et plus sa consommation est importante (en nombre de cigarettes fumées par jour par exemple), plus son risque de présenter une SEP augmente1. Cette corrélation avec la durée et l’intensité du tabagisme est également retrouvée pour le tabagisme passif. Des études ont ainsi mis en évidence une augmentation proportionnelle du risque de survenue de la maladie en fonction de la durée de l’exposition passive au tabac consommé par leurs parents chez des personnes atteintes par une SEP avant l’âge de 16 ans2.

En cas d’arrêt du tabac, l’augmentation du risque de développer une SEP persiste pendant cinq ans. Il faut attendre environ dix ans pour qu’un ex-fumeur voit son sur-risque de présenter une sclérose en plaques disparaître1.

Les mécanismes expliquant l’augmentation du risque de SEP liée au tabac ne sont pas véritablement connus. Plusieurs hypothèses sont avancées : le fait de fumer entraîne une inflammation et un stress oxydatif, ainsi que des effets immunologiques qui, les uns comme les autres, pourraient être impliqués dans l’apparition de la maladie2. Il semblerait également qu’il existe une composante génétique : la présence ou, à l’inverse, l’absence de certaines variations de gènes pourrait jouer un rôle1,2,3. Mais il ne s’agit que d’hypothèses pour le moment.

Risque sur l’évolution de la SEP

Différentes études ont été menées pour savoir si le tabac est susceptible d’avoir une influence sur le cours évolutif de la maladie une fois celle-ci diagnostiquée. Il apparaît que c’est effectivement le cas. La SEP évolue plus rapidement chez les personnes qui continuent à fumer après la survenue de la maladie1. Une étude suédoise indique ainsi que l’évolution d’une forme récurrente-rémittente vers une forme secondairement progressive s’est produite en moyenne huit ans plus tôt chez les patients suivis qui ont continué à fumer après le diagnostic par rapport à ceux qui ont arrêté de consommer du tabac4. D’autres études montrent que la maladie est plus sévère chez les personnes qui fument, avec davantage de séquelles fonctionnelles, celles-ci apparaissant par ailleurs plus rapidement1,2.

L’étude suédoise déjà citée est en faveur d’un effet bénéfique de l’arrêt du tabac chez les personnes atteintes d’une SEP, à la fois sur l’évolution de la maladie et sur la qualité de vie. Une autre étude, anglaise cette fois, va dans le même sens. Elle indique que le risque de survenue de séquelles fonctionnelles est moindre chez les ex-fumeurs par rapport aux fumeurs toujours actifs2. Dans cette étude, le risque de séquelles fonctionnelles n’est pas différent entre les ex-fumeurs et les personnes qui n’ont jamais fumé.

Les différentes données actuellement publiées conduisent donc à considérer que le tabac a une influence négative sur l’évolution de la sclérose en plaques. Il est dès lors conseillé à toutes les personnes qui sont malades et qui fument d’arrêter dans la mesure du possible. Elles peuvent pour cela demander conseil à leur neurologue et leur médecin traitant.

Bibliographie

(1) Michel L. Environmental factors in the development of multiple sclerosis. Rev Neurol (Paris). 2018 Jun;174(6):372-377.
(2) Weston M, Constantinescu CS. What role does tobacco smoking play in multiple sclerosis disability and mortality? A review of the evidence. Neurodegener Dis Manag. 2015;5(1):19-25.
(3) Poorolajal J, Bahrami M, Karami M, Hooshmand E. Effect of smoking on multiple sclerosis: a meta-analysis. J Public Health (Oxf). 2017 Jun 1;39(2):312-320
(4) Ramanujam R, Hedström AK, Manouchehrinia A. Effect of Smoking Cessation on Multiple Sclerosis Prognosis. JAMA Neurol. 2015 Oct;72(10):1117-23.

Publié le : 03/10/2019

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