La cryothérapie a le vent en poupe. Initialement réservée aux sportifs de haut niveau, elle se démocratise et les centres de cryothérapie prônent ses actions sur la douleur, le sommeil, l'humeur et le stress, … Mais qu'en est-il de ses bienfaits réels ? Où en sont les études ?
Étymologiquement, la cryothérapie est un traitement par le froid. Elle peut être réalisée à des fins esthétiques ou de bien être (non abordées ici), ou à des fins médicales. On distingue la "cryothérapie corps entier", en cabine à température de -110 degrés ou plus, avec deux possibilités : deux à trois minutes soit dans un caisson, la tête à l’extérieur entre -170 et -195 degrés (cryothérapie corps partiel) soit dans une chambre entre -110 et - 170 degrés1 où l'on entre en entier, c'est la "cryothérapie corps entier" proprement dite. D'autres techniques de refroidissement du corps2 existent : 20 minutes dans une baignoire remplie d'eau froide2, des bains de mer, des vestes réfrigérantes dans lesquelles on glisse des packs placés au préalable dans le congélateur2.
La cryothérapie, en abaissant la température du corps, aurait plus de chance d'avoir un effet chez les patients qui voient leurs symptômes s'aggraver quand la température de leur corps augmente à cause de la chaleur, du sport ou d'une douche chaude.
C'est effectivement mon cas et je fais régulièrement depuis quelques années de la cryothérapie corps entier. Je reste 3 minutes dans la cabine, en dessous et équipée de crocs, chaussettes chaudes, gants et bonnet. De façon surprenante, le froid n'est pas si terrible à supporter au début ! Au bout d'une minute ou deux, je commence à claquer des dents et je suis ravie de sortir à la fin. Je dois avouer que la séance me donne "un coup de fouet", moi qui souffre d'un épuisement chronique, ainsi que l'impression indescriptible d'être "mieux dans mon corps".
Plusieurs patients amateurs de cryothérapie voyaient leur spasticité s'améliorer franchement tel Benjamin qui fait des séances en cabine mais prend aussi tous les matins un bain froid pour avoir une activité le matin. D'autres comme Mireille, voient leur capacité de marche nettement améliorée, sont plus dynamiques et ont un meilleur moral.
A l'inverse, une autre patiente ne supportait pas ce froid qui majorait ses douleurs spastiques. Les effets semblent donc très variables d'un patient à l'autre, aussi bien dans leur intensité que dans leur durée, de quelques heures à quelques jours.
La technique a été peu évaluée avec des études bien conduites sur un plan méthodologique, ce qui ne permet pas de la recommander formellement. Dans la SEP, les effets sont particulièrement sur la spasticité, la fatigue, la force musculaire, l'acuité visuelle et la déambulation d'après une revue de la littérature sur la cryothérapie2. La cryothérapie faite régulièrement plutôt qu'occasionnellement en flash semble plus profitable.
Certaines études sur de petits effectifs montrent parfois des effets, notamment sur les capacités fonctionnelles et la fatigue3, ou sur les symptômes dépressifs et l'amélioration du score évaluant le handicap4. Mais ces études ne répondent pas aux standards méthodologiques exigés pour démontrer formellement une efficacité significative.
En 2019, l'INSERM a réalisé un important travail4 sur la cryothérapie et conclut que les explications et effets doivent être démontrés par des études randomisées. "Globalement, les résultats sont décevants. Lorsqu'ils sont en faveur d'un effet positif de la cryothérapie, ces résultats sont modestes et mesurés à très court terme uniquement."
En conclusion, la cryothérapie n'a pas pour vocation de remplacer la prise en charge médicale et surtout pas le traitement de fond. Chez les patients qui y sont sensibles, c'est une aide complémentaire qui peut leur permettre de réaliser plus facilement certaines activités notamment physiques ou sportives, ou de la rééducation, dans les heures qui suivent la séance de cryothérapie2. Si cette technique vous intéresse parlez-en au préalable avec votre médecin ou infirmière d’éducation thérapeutique.