LA LIBIDO EN 10 QUESTIONS

Libido et désir sont synonymes. Faux.

S'ils ont un sens très proche, ils ne signifient pas tout à fait la même chose. Pour Freud, la libido est initialement une énergie sexuelle. Puis, il élargit sa signification à un élan de vie (Eros), par opposition à l'élan de mort (Thanatos). Les « psys » l'utilisent dans ce sens.

Mais dans le langage courant, on emploie désormais les 2 mots dans le sens de désir sexuel.

Les hommes ne pensent qu'à ça… Vrai et faux.

Cette idée reçue a la vie dure ! Il est vrai que chez les hommes, la testostérone qui conditionne le désir est produite de façon linéaire. Ils ont donc une libido qui l'est aussi, sur un plan purement hormonal du moins. Car de nombreux facteurs interfèrent : le stress, la fatigue, les soucis, l'éducation, la culture, etc. Résultat, certains hommes n'ont pas beaucoup de libido alors que d'autres en débordent ! En sexualité, encore plus qu'ailleurs, il ne faut pas faire de généralités…

Chez la femme, elle suit le cycle menstruel. Vrai.

Le désir est conditionné chez les femmes par plusieurs hormones, la testostérone (mais la production féminine représente seulement 1/10 de la production masculine) et les œstrogènes, les hormones sexuelles féminines. Durant le cycle, il y a un pic d'œstrogènes avant l'ovulation ; c'est un héritage archaïque de nos ancêtres : pile avant l'ovulation, le désir augmente afin de favoriser la survie de l'espèce. La progestérone, secrétée en seconde partie de cycle, aurait plutôt tendance à diminuer le désir. Mais la libido n'est pas exclusivement hormonale, les facteurs psychologiques, personnels, éducationnels ou encore conjugaux jouent également un rôle.

La baisse de libido, c'est toujours dans la tête... Faux.

Elle peut s'expliquer par certaines maladies, comme la sclérose en plaques (voir question suivante), le diabète, une maladie hormonale telle qu'un adénome de l'hypophyse, une hyperthyroïdie ou l'andropause… ou encore par une dépression, la prise de certains médicaments. Bien sûr, des facteurs psychologiques sont parfois en cause : une grande fatigue, des préoccupations importantes, un conflit dans le couple pour ne citer qu'eux !

La libido peut être perturbée par la SEP. Vrai.

C'est un symptôme sexuel retrouvé aussi bien chez l'homme que chez la femme. L’atteinte peut être primaire, directement provoquée par l'atteinte neurologique, secondaire quand elle est en lien avec les symptômes (la fatigue, la spasticité, les troubles sensitifs dans les organes génitaux ou encore les troubles vésicaux ou intestinaux peuvent gêner les rapports sexuels) ou enfin tertiaire, liée à des facteurs culturels, sociaux et psychologiques, tels que l'anxiété de performance, l'altération de l'image de soi, la culpabilité, etc.

Le stress et l'anxiété ont un impact sur la libido. Vrai.

Le stress comme l'anxiété ont un retentissement sur la libido, que ce soit dans un sens ou dans l'autre. En effet, selon les personnes, la sexualité est vécue comme « anxiolytique » : certaines vont trouver dans le rapport sexuel un moyen d'évacuer leur stress ou leur angoisse (notamment grâce aux endorphines produites au moment de l'orgasme). D'autres, au contraire, verront leur libido descendre en chute libre lorsqu'elles sont envahies par ces sentiments négatifs.

Les médicaments peuvent la diminuer. Vrai.

Médicaments et libido font mauvais ménage… tout du moins pour certains médicaments, comme les anxiolytiques, certains antidépresseurs, antihypertenseurs ou certaines pilules. Il est parfois délicat de faire la part des choses entre l'impact du médicament et celui de la maladie pour laquelle on le prend (par exemple, la dépression et l'anxiété diminuent le désir sexuel, tout comme l'hypertension peut avoir un retentissement sexuel). Dans tous les cas, il convient d'en parler avec votre médecin et de ne jamais arrêter le traitement sans son accord.

Il n'y a rien à faire pour soigner la baisse de libido. Faux.

Il est toujours important d'en parler à votre neurologue, qui pourra vous recommander un sexologue. La baisse de libido s'explique bien souvent par plusieurs causes associées, elle est « multifactorielle ». Citons parmi ces facteurs, l'atteinte neurologique ou les symptômes qui la freinent (fatigue, spasticité,…), parfois par l'anxiété, la dépression ou la perte d'estime de soi, d'autres fois par ce qui se passe dans le couple. En parler à un spécialiste permettra de mieux comprendre la situation et comment l'améliorer. Le sensate focus (massage de couple, que je détaillerai dans un autre article) est intéressant dans les troubles du désir.

Les conseils coquins des magazines féminins sont inutiles. Vrai et Faux.

L'été, les magazines féminins fourmillent de conseils pour booster son désir et grimper aux rideaux… Alors, info ou intox ? Si une maladie est responsable de la baisse de libido, ces recommandations seront incapables de restaurer le désir. Ils ne sont toutefois pas dénués d'intérêt parce qu'ils mettent dans un état d'esprit ouvert au désir et à la sexualité. Par exemple, conserver un temps réservé au couple, loin des enfants et des tracas, est essentiel : même si ce n'est pas pour faire l'amour, ces quelques heures seront propices à votre couple et à votre complicité. Prendre soin de vous et être agréable à regarder aussi... D'autre part, entretenir les pensées coquines, vos fantasmes et l'imaginaire érotique (en lisant de la littérature érotique, par exemple) stimulent le désir, chez les hommes comme chez les femmes.

Une fois ménopausées, les femmes ont peu de libido. Faux.

La ménopause n'est pas responsable de la mort de la vie sexuelle. Mais cette idée reçue a encore bon dos et une étude avait démontré que c'étaient les croyances négatives à ce propos qui altéraient la sexualité, et non les changements biologiques. Pratiques sexuelles, fantasmes, satisfaction étaient similaires chez les femmes de plus de 45 ans, non ménopausées, et chez celles de moins de 55 ans, qui l'étaient. Une excellente nouvelle pour toutes les femmes !

Référence de l'étude :

Women’s Sexuality: From Aging to Social Representations, V.Ringa, K.Diter, C.Laborde & N.Bajos, J Sex Med (à paraître) DOI: 10.1111/jsm.1226

Publié le : 07/10/2016 Mis à jour le : 29/03/2018

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