La sclérose en plaques (SEP) peut provoquer des symptômes urinaires, comme les fuites ou les besoins impérieux (un besoin URGENT), qui mettent à mal la sexualité. Comment se réconcilier avec la tendresse et le plaisir ?
Les hommes comme les femmes peuvent souffrir d'incontinence urinaire. La SEP est bien sûr une cause possible, mais il y en a bien d'autres, comme les accouchements ou une maladie de la prostate pour ne citer qu'eux.
Les symptômes urinaires sont susceptibles d'être terriblement embarrassants, de provoquer un sentiment de honte et ils peuvent affecter la sensation d'être désirable. De plus, la peur d'avoir une fuite durant l'activité sexuelle implique une vigilance, voire un contrôle de son corps, qui est difficilement compatible avec le « lâcher-prise », propre au plaisir.
L'impact a été évalué par plusieurs études, comme celle1 publiée en 2017 dans le Sexual medicine journal et portant sur 356 femmes, dont 243 avec une incontinence urinaire. Les auteurs constatent que les femmes ayant des fuites durant le rapport, sont plus abstinentes que les femmes qui n'en ont pas (53% contre 29,2% respectivement). Parmi les femmes qui ont une activité sexuelle, celles qui présentent une incontinence urinaire ont moins de désir, et font moins de préliminaires. Il y a également moins d'harmonie avec le partenaire, moins de satisfaction ainsi que de confort sexuel.
L'impact des symptômes urinaires sur la qualité de vie souligne la nécessité de consulter rapidement un spécialiste. Bien souvent, on se contente d'un palliatif peu satisfaisant, les protections urinaires par exemple, au lieu d'agir directement à la source.
« Il faut oser en parler, avec son neurologue, son gynécologue, ou son urologue », recommande le Dr Antoine Faix, urologue et Responsable du Comité d'Andrologie et de Médecine Sexuelle de l'Association Française d'Urologie.
« Il y a deux situations différentes, et pouvant être associées : la personne qui perd de l'urine pendant le rapport, c'est l'équivalent d'une incontinence urinaire d'effort et la rééducation périnéale peut être indiquée. Et il y a la personne qui perd de l’urine durant l'orgasme, ce qui peut les freiner et les bloquer, ou dans certaines positions, qu'elles peuvent éviter. Il peut alors s'agir d'une incontinence par instabilité et on peut essayer les médicaments ou les injections de toxine botulique. »
Dans tous les cas, il est donc très important de faire le point sur le plan urologique pour bénéficier d'une prise en charge adaptée.
Consulter un urologue est donc le premier conseil pour se réconcilier avec sa sexualité.
Si en parler à son médecin est incontournable, faut-il forcément aborder le sujet avec son/sa partenaire ? Tout dépend évidemment de chaque couple, du type de relation et du degré d'intimité qui existe entre les deux partenaires : tout le monde n'est pas capable de se livrer ouvertement avec des mots très explicites. C'est la principale limite de la communication à ce sujet, certains jugeant le romantisme et le désir incompatibles avec les troubles urinaires.
« Il n'y a pas de règle absolue », confirme le Dr Faix. « Si une jeune femme est sans partenaire fixe et commence une relation, elle n'en parlera pas d'emblée. Si elle est dans une relation stable, avec une bonne communication, je propose qu'ils viennent ensemble à la consultation, si elle en a envie évidemment ».
En effet, dans le cadre d'une relation où la maladie n'est pas un tabou, cela peut être un soulagement d'en parler, notamment si le trouble pousse à éviter les rapports sexuels ou l'intimité. Le dialogue permettra dans ce cas de diminuer l'incompréhension de son (sa) partenaire et de le (la) rassurer : non, vous ne l'aimez pas moins et vous ne le désirez pas moins ! Le rôle de votre partenaire est aussi très important pour accompagner et rassurer l'autre, là encore.
Mettre au courant votre partenaire peut permettre de diminuer votre stress durant les moments intimes, d'être plus détendu(e) pendant les galipettes et même de vous rapprocher encore plus.
« Mais il ne faut pas d'attitude binaire », reprend l'urologue. « Entre la femme qui a une grosse incontinence urinaire et celle qui perd quelques gouttes, ce n'est pas le même cas de figure, même si elles peuvent le vivre de la même façon… » Une psychothérapie peut aider à mieux vivre ce symptôme déstabilisant et à retrouver confiance en soi, en sa féminité ou en sa virilité.
Une fois la prise en charge médicale mise en route, quelques conseils pratiques peuvent vous aider à vous réconcilier avec votre vie sexuelle et à lâcher prise sous la couette (ou ailleurs) en dépit des fuites.
Publié le : 24/05/2019