Augmenter son estime de soi avec une SEP

Comment augmenter son estime de soi avec une SEP ?

L'estime de soi correspond au regard et au jugement que l’on porte sur soi ; elle est fréquemment mise à mal en cas de sclérose en plaques. Elle peut être améliorée par une thérapie mais heureusement, des actions concrètes et simples du quotidien aident à prendre confiance en soi.

Qu'est-ce que l'estime de soi ?

Pour Anne-Laure Ramelli, psychologue du réseau parisien SINDEFI-SEP, l’estime de soi répond à plusieurs questions : « Qui je suis ? Quelle est ma valeur ? Comment je me situe face aux autres ? Comment je réagis face à l’adversité ? »

Elle se construit de deux façons :

  • Tout d'abord par rapport à soi-même et au regard que l'on porte sur soi : « cette dimension de soi à soi se constitue à partir de valeurs comme la confiance en soi, l’optimisme, l’amour de soi, l’adaptabilité », précise la psychologue.

  • Mais également par rapport aux autres, en fonction de leur regard. D’après Anne-Laure Ramelli : « la dimension de soi aux autres, s'établit à partir de deux aspects. Le premier est le sentiment d’appréciation : quand je fais quelque chose, est-ce apprécié et reconnu par les autres ? Le second aspect est celui de la performance : quand je fais quelque chose, est-ce valorisé par les autres ? Me trouvent-ils efficace ? »

Quand une SEP est diagnostiquée, que les symptômes s'installent, l'estime de soi est très souvent affectée. Même sans symptômes visibles, cette maladie si déstabilisante par son imprévisibilité peut faire douter de ses compétences, de sa capacité à être aimé(e) et apprécié(e). Les renoncements et les frustrations sont fréquents, aussi bien sur le plan personnel que familial et professionnel. La confiance en soi et l'estime de soi peuvent alors se réduire comme peau de chagrin...

La maladie chronique, du positif aussi !

Bonne nouvelle, il n'y a pas que du négatif.
« La maladie n’amène pas pour autant que des éléments qui fragilisent, confirme Anne-Laure Ramelli. Par exemple, la combativité et la ténacité sont renforcées, et elles peuvent augmenter l’estime que l’on a de soi, le regard et le jugement que l’on porte sur soi. » La maladie nous pousse à nous dépasser et nous pouvons être fiers de réussir certains projets, ou tout simplement d'être heureux avec une SEP !

Pour la psychologue, la maladie est une crise de vie comme une autre, et finalement ce qui est difficile, est de passer d'un état d'équilibre à un autre : « l'état d'équilibre ultérieur n'est pas forcément moins bien que le précédent. Quand on réalise ce que l'on a traversé, la façon dont on a réussi à se comporter dans l'épreuve, cela amène un sentiment de fierté qui nourrit son estime de soi et permet de se sentir plus en harmonie avec soi-même. J'aide les patients à réaliser que ce qu'ils ont réussi et réussissent à accomplir est digne d'admiration. Beaucoup de tâches sont difficiles quand on a une SEP ! ».

La thérapie pour renforcer l'estime de soi

Une thérapie avec un psychologue semble particulièrement intéressante pour sortir de la spirale de la baisse d'estime de soi. « Pour ce qui a trait au renforcement de l’estime de soi, on peut commencer par réfléchir ensemble sur ce qui est à l’origine de la baisse de l’estime de soi, reprend Anne-Laure Ramelli. Ensuite, dans la dimension du soi à soi, on travaille sur les valeurs de la personne et sur ses qualités, ses forces de caractère, tous ces éléments qui permettent de se dire : oui, j’ai de la valeur, je suis capable de faire ceci ! »

Dans la dimension de soi aux autres, la psychologue travaille habituellement avec ses patients sur la question du regard des autres : « comment faire pour qu’ils me voient comme une personne performante, pour qu’ils m’apprécient ? » Le rôle du psychologue est d’accompagner la personne, de l’orienter dans ses questionnements, de l’aider à affronter ses peurs et de l’amener à les dépasser pour s’en libérer et se sentir plus fort.

La thérapie aide à identifier les points qui influencent l’estime de soi et entraînent une dévalorisation, et surtout à trouver les ressources pour reprendre confiance en soi. Et comme l'entourage est potentiellement source de grandes ressources, il peut être inclus dans la thérapie.

Des exercices concrets au quotidien

Tout le monde peut être confronté à des freins financiers ou personnels rendant une psychothérapie impossible : « Pas de panique, on peut travailler son estime de soi au quotidien, s'exclame Anne-Laure Ramelli. C'est en fait un retour à l'essentiel, à ce qui nous nourrit. » Il existe de nombreuses manières de travailler sur soi : « il faut s'autoriser à apprécier ce qui nourrit notre sentiment de contentement ; cela vient de soi (j'ai réussi à faire ceci ou cela), ou des autres en remarquant le regard d'approbation, de soutien, que les autres peuvent porter sur soi, en acceptant un compliment sans se sentir coupable ou mal à l'aise ».

Il est ainsi conseillé de se fixer un objectif réaliste tous les jours et de prendre le temps de célébrer la réussite de l'action réussie : par exemple, on peut savourer le fait qu'aujourd'hui on a réalisé 3 actions apparemment toutes simples, mais qui en fait nourrissent le sentiment de fierté... Ensuite, comme l'estime se nourrit par les autres, prendre conscience que les autres apprécient ce que l'on est et ce que l'on fait. Anne-Laure Ramelli cite l'exemple de faire de la pâtisserie avec son enfant : « mon fils était très content quand j'ai fait un gâteau avec lui, il était heureux et fier que l'on fasse ce gâteau ensemble. »

Une autre façon de travailler son estime de soi passe par apprendre à mieux connaître qui on est vraiment et ce dont on a besoin... « C'est aussi un travail d'acceptation du retour à soi (par exemple, pour certaines femmes, ce sera de s'acheter une paire de chaussures qu'elles adorent. Derrière le sentiment positif, cela nourrit leur sentiment du beau, d'être féminines, en dépit des altérations du corps. » Donc l'achat va bien au-delà du simple sentiment de bien-être puisqu'il s'agit aussi de chercher du sens derrière le sentiment positif. Autre exemple : travailler, même à temps partiel, est beaucoup plus difficile quand on a une SEP que lorsque l'on est en pleine forme ! S'en rendre compte et être fier de soi est donc primordial.

Et si les proches ne se rendent pas compte de nos efforts, il est intéressant selon la psychologue de passer par un tiers (un ami, un thérapeute, un groupe de patients, sur des sites de chat) pour aider à décrypter ce qu'il se passe et comprendre sur quel levier agir pour améliorer la situation.

Publié le : 06/09/2019

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