Altération de l’odorat et du goût, des troubles méconnus au cours de la SEP

Plusieurs études mettent en évidence une altération du goût et de l’odorat chez une partie des personnes atteintes d’une sclérose en plaques. Cette altération pourrait être un marqueur de l’évolution de la maladie. Mais des études complémentaires sont encore nécessaires pour mieux caractériser ces troubles encore mal connus.

Des troubles relativement fréquents

Le goût et l’odorat sont des sens essentiels dans la vie de tous les jours. Il est connu depuis longtemps que ces sens peuvent être altérés chez les personnes atteintes de différentes pathologies neurodégénératives, en particulier la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson (1,2).

Jusqu’à ces dernières années, ce type de troubles avaient été relativement peu étudiés chez les patients vivant avec une sclérose en plaques. Si les recherches menées jusqu’à présent portent sur des nombres plutôt limités de malades, elles tendent à montrer que ces troubles peuvent également survenir au cours de la SEP (1,2).

Ainsi, selon les études les plus robustes sur le plan scientifique, les troubles de l’odorat concerneraient entre 20 % 45 % des malades atteints d’une SEP (2).

Les troubles du goût semblent un peu moins fréquents. Selon différentes études, ils toucheraient entre 12 % et 20 % des malades (3).

Une origine encore mal connue

Les mécanismes en cause dans la survenue des troubles de l’odorat et du goût au cours de la SEP sont encore mal connus. D’après les recherches réalisées pour le moment, ces troubles seraient plutôt liés aux lésions cérébrales provoquées par la SEP plutôt qu’à une altération des perceptions olfactives et gustatives (4).

Un marqueur pronostique ?

Selon plusieurs recherches, les troubles de l’odorat seraient différents en fonction de l’évolution de la maladie. Ainsi, une diminution de l’odorat serait plutôt associée aux poussées et à une inflammation active. Une altération de la capacité à identifier et à distinguer les odeurs est davantage corrélée avec la présence de handicaps importants et une évolution progressive de la maladie (1).

Des études suggèrent également que les troubles de l’odorat et du goût pourraient être un marqueur prédictif de la progression de la SEP, notamment chez les personnes atteintes d’une forme progressive de la maladie. En d’autres termes, présenter de tels troubles serait susceptible d’indiquer que la SEP risque d’évoluer défavorablement dans les années qui viennent. Cette observation demande toutefois à être confirmée par d’autres études (1).

Sources bibliographiques

1. da Silva AM, Torres C, Ferreira I et al. Prognostic value of odor identification impairment in multiple sclerosis: 10-Years follow-up. Mult Scler Relat Disord. 2020 Nov;46:102486. doi: 10.1016/j.msard.2020.102486. Epub 2020 Sep 3. PMID: 32916510.
2. Lucassen EB, Turel A, Knehans A et al. Olfactory dysfunction in Multiple Sclerosis: A scoping review of the literature. Mult Scler Relat Disord. 2016 Mar;6:1-9. doi: 10.1016/j.msard.2015.12.002. Epub 2015 Dec 2. PMID: 27063616.
3. Doty RL, Tourbier IA, Pham DL et al. Taste dysfunction in multiple sclerosis. J Neurol. 2016 Apr;263(4):677-88. doi: 10.1007/s00415-016-8030-6. Epub 2016 Jan 25. PMID: 26810729; PMCID: PMC5399510.
4. Shin T, Kim J, Ahn M, Moon C. Olfactory Dysfunction in CNS Neuroimmunological Disorders: a Review. Mol Neurobiol. 2019 May;56(5):3714-3721. doi: 10.1007/s12035-018-1341-0. Epub 2018 Sep 6. PMID: 30191380.

Publié le : 14/04/2021

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