LA SCLEROSE EN PLAQUES PEUT PERTURBER LA LIBIDO, COMMENT Y REMEDIER ?

La baisse de libido est un symptôme fréquent dans la sclérose en plaques, aussi bien chez les femmes que chez les hommes.

De nombreux symptômes, aussi bien physiques que psychologiques, peuvent expliquer la baisse de libido avec une sclérose en plaques. Il existe une prise en charge qui passe par une consultation approfondie.

La libido se nourrit des souvenirs des rapports agréables et de l'anticipation d'un nouveau rapport. Si le rapport n'est pas plaisant (que la raison soit médicale, psychologique ou relationnelle), l'envie de recommencer s'émousse et le trouble de la libido apparaît.

D'après le Dr Carmelita Scheiber Nogueira, neurologue et sexologue, la perte de désir est très souvent liée aux problèmes psychologiques, notamment la dépression, les difficultés d'acceptation de la maladie, l'anxiété. Elle peut aussi être indirectement liée à la maladie, à cause d'un symptôme qui va perturber le bon déroulement du rapport. Il peut s'agir d'une sécheresse vaginale (rendant le rapport douloureux), d'une baisse de sensibilité des organes génitaux, d'un trouble de l'érection ou même d'un symptôme qui n'a rien de sexuel, tel que la fatigue, la douleur, ou la spasticité… Le symptôme va alors conduire à l'évitement des rapports ; il provoque ce que l'on appelle une baisse du désir secondaire.

Enfin, la baisse de libido peut être directement provoquée par la SEP, lorsque des plaques sont situées dans les zones du cerveau impliquées dans la libido. « Il y a alors une perte de tous les désirs, une perte d'envie globale », précise la neurologue. Ce dernier cas est aussi le plus rare. Selon cette dernière, il est très compliqué de parler de libido chez les patients qui ont une sclérose en plaques : les symptômes sont souvent intriqués avec les difficultés psychologiques d'acceptation de la maladie ou une dépression. Il est donc extrêmement important de prendre le temps de comprendre tous les mécanismes en jeu.

Des répercussions en chaîne…

Le retentissement de la baisse de libido est d'abord psychologique : la personne culpabilise par rapport à son partenaire, elle devient triste, voire déprimée. De son côté, le partenaire se pose des questions ; le plus souvent, une femme se demandera si son homme l'aime encore, tandis que l'homme se posera des questions sur une infidélité...

Il y a également un impact sur le couple : « Il peut y avoir une anxiété relationnelle, un évitement des rapports et une baisse de leur fréquence, une incompréhension, un éloignement et parfois une séparation », détaille le Dr Scheiber Nogueira. D'où la nécessité de communiquer au sein du couple et d'en parler à son médecin (neurologue et/ou sexologue).

« Il peut y avoir une anxiété relationnelle, un évitement des rapports et une baisse de leur fréquence, une incompréhension, un éloignement et parfois une séparation », détaille le Dr Scheiber Nogueira.

Une prise en charge adaptée

Lors de la consultation, le sexologue prendra le temps de parler avec le patient pour déterminer si la perte de libido est isolée ou plus globale, liée à un symptôme dépressif, et si d'autres symptômes sont associés. « Si la perte de la libido est isolée, on apprend la technique de lâcher-prise, de réappropriation de la sensorialité de la région génitale, avec l'aide d'un sexologue », conseille le médecin.

Chez la femme, le manque de désir peut être dû au fait qu'elle n'est pas assez lubrifiée ou parce ce qu'elle ne sent rien (par atteinte de la sensibilité de la région génitale). « Et si un bonbon n'a pas de goût, on n'a pas envie de le manger, c'est pareil avec le sexe ! Une femme peut aussi avoir besoin de stimulations longues et si l'homme fait ça en 2 mn, elle ne sent rien non plus... », détaille la neurologue.

Le médecin traite le symptôme au cas par cas et la situation rentre souvent dans l'ordre. Par exemple, les troubles de la sensibilité (tels que les fourmillements, engourdissements ou encore brûlures) seront soulagés par certains antiépileptiques ou certains antidépresseurs.

S'il s'agit d'une perte de la sensibilité des organes génitaux, les patients apprendront à stimuler la région de façon plus prolongée ou plus intense, par exemple à l'aide de sextoys. Si une spasticité en ciseau empêche d'ouvrir les jambes, il est conseillé de privilégier la position latérale, sur le côté. Et lorsque la fatigue impacte la libido, on recommande de faire l'amour plutôt le matin, ou l'après-midi après une sieste. « Il faut se connaître et trouver les bons moments », résume la sexologue.

Autre cas de figure, la sécheresse vaginale. Elle sera facilement améliorée par un lubrifiant à base d'eau, qui n'est pas irritant. La neurologue conseille des lubrifiants hydratants, ou avec de l'acide hyaluronique.

« Le trouble de l'érection est traité par des médicaments, complète le Dr Scheiber Nogueira. Il peut s'agir de comprimés, d'injections (qui sont les seules à être prises en charge par l'Assurance-Maladie) ou encore de gel dans l'urètre. » Et bien sûr, une prise en charge psychologique, parfois doublée d'un traitement médical, s'imposent en cas de dépression ou d'anxiété.

Une fois le symptôme traité, les sensations désagréables qui étaient associées au rapport sexuel devraient diminuer, voire être supprimées. « Il faudra alors redécouvrir les sensations agréables sur le plan sexuel, rendre la région génitale à nouveau agréable, pour qu'elle redevienne une source de plaisir », conclut la sexologue.

Les idées fausses, la honte, le tabou, le manque d'informations sexuelles sont des freins pour la prise en charge des troubles sexuels.

« Vivre à deux avec une maladie c'est vivre à 3 »

Il faut déjà accepter la maladie chronique pour accepter l'idée de vivre à deux, malgré la maladie.

La sexualité est un partage d'une intimité physique avec quelqu'un. Elle ne se réduit pas aux rapports sexuels et les sensations et sentiments doivent toujours être pris en compte.

Publié le : 22/07/2019

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