Les troubles du sommeil sont fréquents chez les personnes atteintes d’une sclérose en plaques. Ces troubles sont le plus souvent d’origine multifactorielle. Ils peuvent être liés directement ou indirectement à la maladie. Ils contribuent à accroître la fatigue ressentie et retentissent de façon importante sur la qualité de vie des malades. Une évaluation précise des perturbations du sommeil est nécessaire afin qu’une prise en charge spécifique puisse être proposée. Le point sur ces troubles avec le Pr Marc Debouverie, chef du service de Neurologie du CHRU de Nancy.
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Selon différentes études, entre 42 % et 65 % des personnes vivant avec une SEP souffriraient de troubles du sommeil. Ces derniers seraient ainsi jusqu’à quatre fois plus fréquents chez ces personnes que dans la population générale1. Ces troubles ne sont pas toujours pris en compte alors qu’ils peuvent avoir un impact majeur sur la qualité de vie1. C’est pourquoi il est important de les évoquer auprès de son médecin afin qu’ils soient correctement évalués et que des solutions puissent être proposées.
La SEP est-elle directement responsable de la survenue des troubles du sommeil ? Rien n’est sûr. Différentes hypothèses existent indiquant que les lésions cérébrales et médullaires peuvent, par divers mécanismes, être responsables des perturbations du sommeil1. Mais ces hypothèses restent discutées et des recherches sont nécessaires pour déterminer si la maladie induit directement des troubles du sommeil.
Il est en revanche clairement établi que différents symptômes et conséquences de la SEP sont responsables des troubles du sommeil dont souffrent bon nombre de malades. C’est le cas notamment pour :
Ces différentes causes possibles des troubles du sommeil se traduisent par une insomnie, c’est-à-dire des difficultés à s’endormir, des interruptions du sommeil et des réveils précoces. Le sommeil est généralement perçu comme étant non réparateur1. L’insomnie peut devenir chronique lorsqu’elle se répète fréquemment, sur plusieurs mois3.
Les conséquences des troubles du sommeil et de l’insomnie peuvent retentir sur de multiples aspects de la vie quotidienne3 :
« Les troubles du sommeil n’ont pas forcément d’impact sur l’évolution de la maladie, ajoute le Pr Debouverie. En revanche, ils peuvent accroître le ressenti négatif de ses symptômes. »
Globalement, les troubles du sommeil ont un impact majeur sur la qualité de vie. Lorsqu’ils s’installent, ils altèrent celle-ci sur de nombreux plans.
En raison de ces conséquences, il est important que toute personne vivant avec une SEP évoque auprès de son médecin les troubles du sommeil dont elle souffre.
Dans un premier temps, le médecin procède alors à une évaluation de ces troubles : leur fréquence, leur type, leur durée, etc. Il interroge également sur les habitudes de vie au quotidien. Cette évaluation peut reposer sur un ou plusieurs questionnaires à remplir par le patient3.
« Des explorations complémentaires peuvent être nécessaires, explique le Pr Debouverie. Elles reposent notamment sur une polysomnographie, c’est-à-dire l’enregistrement du sommeil sur 48 heures. Les patients sont hospitalisés pendant deux jours et, grâce à des capteurs répartis sur leur corps, différents paramètres du sommeil sont enregistrés. Cela permet d’avoir une analyse des différentes phases du sommeil et de tous les facteurs qui peuvent le perturber, par exemple des apnées. Dans la journée, différents tests sont également réalisés pour évaluer l’état de vigilance. »
Une fois l’évaluation réalisée, la prise en charge est déterminée au cas par cas, en fonction des troubles identifiés et de leur cause. Si, par exemple, ceux-ci sont essentiellement liés à la spasticité, une amélioration du traitement de celle-ci est envisagée. En cas d’apnée du sommeil, le traitement repose sur l’utilisation d’un appareil à pression continue pendant le sommeil. Il s’agit d’un boîtier relié à un masque qui envoi de l’air au rythme de la respiration et permet ainsi d’éviter les apnées3. Si les troubles du sommeil sont liés à une anxiété ou des symptômes dépressifs, une prise en charge psychologique, associée ou non un traitement médicamenteux, est à envisager1.
Différentes mesures « d’hygiène du sommeil » peuvent être adoptées pour passer de meilleures nuits5 :
Des exercices de relaxation pratiqués au moment du coucher peuvent également favoriser une bonne qualité de sommeil.
1. Sakkas GK, Giannaki CD, Karatzaferi C, Manconi M. Sleep Abnormalities in Multiple Sclerosis. Curr Treat Options Neurol. 2019 Jan 31;21(1):4. doi: 10.1007/s11940-019-0544-7.
2. Foschi M, Rizzo G, Liguori R et al. Sleep-related disorders and their relationship with MRI findings in multiple sclerosis. Sleep Med. 2019 Apr;56:90-97. doi: 10.1016/j.sleep.2019.01.010.
3. Braley TJ, Boudreau EA. Sleep Disorders in Multiple Sclerosis. Curr Neurol Neurosci Rep. 2016 May;16(5):50. doi: 10.1007/s11910-016-0649-2.
4. Lanza G, Ferri R, Bella R, Ferini-Strambi L. The impact of drugs for multiple sclerosis on sleep. Mult Scler. 2017 Jan;23(1):5-13. doi: 10.1177/1352458516664034.
5. Maness DL, Khan M. Nonpharmacologic Management of Chronic Insomnia. Am Fam Physician. 2015 Dec 15;92(12):1058-64.
Publié le : 01/10/2019