Troubles visuels et sclérose en plaques

Lors de poussées de la sclérose en plaques, deux types de troubles touchant la vision sont susceptibles de survenir : une névrite optique et des troubles oculomoteurs.

La névrite optique et les troubles oculomoteurs entraînent soit une baisse de la vue, soit des perturbations de la vision. Ces troubles sont gênants au quotidien, mais le plus souvent ils disparaissent progressivement. Description avec le Dr Bertrand Bourre, du service de Neurologie du CHU de Rouen.

La névrite optique

La névrite optique est provoquée par l’inflammation du nerf optique, en raison de la présence d’une plaque de démyélinisation sur ce nerf1.

Les signes de la névrite optique

Dans la plupart des cas, la névrite optique concerne un seul œil. Ce trouble se traduit par une baisse de l’acuité visuelle. Celle-ci est plus ou moins prononcée, allant d’un simple flou à une perte totale de la vision. La baisse de l’acuité visuelle survient de manière rapidement progressive, généralement en deux à trois jours2.

La névrite optique entraîne également des douleurs. Celles-ci sont ressenties à l’arrière de l’œil. Elles sont accentuées par les mouvements du globe oculaire (lorsque le regard se déplace). Les douleurs peuvent précéder la baisse de l’acuité visuelle2.

Ce trouble peut également entraîner une dyschromatopsie2. Elle se caractérise par une moins bonne perception des différences entre les couleurs. Chez les personnes atteintes d’une SEP, c’est la distinction entre le rouge et le vert qui est surtout concernée. Il devient alors difficile de distinguer, par exemple, les couleurs des feux tricolores quand on est au volant de sa voiture.

Enfin, la névrite optique peut provoquer la survenue d’un scotome, c’est-à-dire la présence d’un trou noir au niveau de la partie centrale de la vision. Cette perte localisée de la vision n’est pas toujours perçue2.

La névrite optique est-elle fréquente ?

Ce trouble concerne un grand nombre des personnes atteintes d’une SEP. Environ les trois quarts d’entre elles présentent au moins une fois une névrite optique au cours de leur vie2.

La névrite optique est également un signe révélateur fréquent de la maladie. Dans 25 % des cas, elle constitue le premier symptôme qui survient et qui conduit à établir ensuite le diagnostic de la SEP2.

Comment est établi le diagnostic de la névrite optique ?

Un examen ophtalmologique est dans un premier temps nécessaire. Cet examen sert surtout à éliminer les autres causes possibles de névrite optique (une infection ou un problème vasculaire par exemple). En effet, lorsque la névrite optique est associée à la SEP, l’examen du fond d’œil est bien souvent normal2. L’inflammation du nerf optique se situant bien en arrière de l’œil, il n’a pas de retentissement visible au niveau de l’œil.

Le diagnostic de la névrite optique nécessite alors de passer une IRM. Cet examen permet de déceler la présence de la lésion sur le nerf optique à l’origine du trouble2.

Quelle est l’évolution de la névrite optique ?

En règle générale, les douleurs disparaissent en quelques jours. La récupération de l’acuité visuelle est plus lente. Elle commence en général deux semaines après les premiers symptômes et nécessite de quatre à six semaines pour être complète ou presque. Ce délai peut toutefois être beaucoup plus long (jusqu’à six mois à un an).

La vue redevient normale chez une majorité des personnes après une névrite optique. Cependant, une baisse permanente de l’acuité visuelle survient parfois2.

Quel est le traitement d’une névrite optique ?

La survenue d’une névrite optique constitue le signe d’une poussée de la sclérose en plaques. Dès lors, le traitement nécessaire est celui d’une poussée. Il repose sur l’administration, par voie intraveineuse ou orale, de corticoïdes à fortes doses pendant trois jours1.

Une névrite optique peut-elle récidiver ?

Une récidive de la névrite optique peut survenir à l’occasion d’une nouvelle poussée. Ce n’est toutefois pas une situation fréquente.

Le traitement par corticoïdes lors l’épisode initial permet de diminuer le risque de récidive2.

Les troubles oculomoteurs

Les lésions caractéristiques de la sclérose en plaques peuvent entraîner des troubles au niveau des muscles qui contrôlent la mobilité des yeux1.

Les signes des troubles oculomoteurs

Le plus souvent, les troubles oculomoteurs se traduisent par ce que l’on appelle une diplopie, c’est-à-dire une vision double3. Pour que la vision soit correcte, il est nécessaire que les deux yeux soient parfaitement alignés. En cas d’atteinte d’un des centres qui commandent le mouvement des yeux, cet alignement peut être altéré. Le cerveau perçoit alors deux images légèrement différentes, d’où une sensation de vision double. Cette vision double disparaît quand un œil est fermé.

La vision double peut se situer dans différentes dimensions : les deux images d’un même objet peuvent se situer l’une à côté de l’autre, ou l’une au-dessus de l’autre, ou encore en diagonale l’une par rapport à l’autre.

Les troubles oculomoteurs peuvent également conduire à la survenue d’une oscillopsie, c’est-à-dire la perception d’une instabilité de ce qui est regardé. Cela se produit en raison de mouvements involontaires des yeux3.

Les troubles oculomoteurs sont-ils fréquents ?

Ce type de troubles concernent plus de la moitié des personnes atteintes d’une sclérose en plaques3.

Comment évoluent les troubles oculomoteurs ?

La survenue de ces troubles correspond généralement à une poussée de la maladie. Ils régressent ensuite progressivement, le plus souvent sur plusieurs semaines.

Parfois, ces troubles persistent après la poussée, à des degrés divers3.

Quels sont les traitements possibles des troubles oculomoteurs ?

Lorsqu’un trouble oculomoteur survient au cours d’une poussée, il est indispensable de traiter cette dernière. Le traitement repose sur l’administration de corticoïdes à fortes doses pendant trois jours.

En cas de persistance de ces troubles, une fois la poussée terminée, il est possible de recourir à de l’orthoptie, une forme de kinésithérapie pour les yeux3. Cette approche vise à renforcer les muscles qui commandent les mouvements des globes oculaires afin de leur permettre de compenser les désordres engendrés par les lésions neurologiques et de retrouver une vue normale ou moins altérée.

Une diplopie persistante peut également être traitée par l’utilisation de lunettes prismées. Il s’agit de lunettes avec un verre sur lequel est apposé ou incorporé un prisme. Ce dernier a pour fonction de dévier la trajectoire des rayons lumineux vers l’œil touché afin de compenser le trouble et supprimer la vision double.

Enfin, dans de rares cas, une intervention chirurgicale peut être envisagée3. Elle consiste à modifier l’un des muscles du globe oculaire afin que les mouvements de ce dernier soient bien coordonnés avec ceux de l’autre œil.

Sources bibliographiques

  1. Costello F. Vision Disturbances in Multiple Sclerosis. Semin Neurol. 2016 Apr;36(2):185-95.
  2. Vignal-Clermont C. Névrites optiques et SEP. Brochet B, Sèze JD, Lebrun-Frenay C., Zéphir H. La sclérose en plaques - Clinique et thérapeutique. Elsevier Masson, 2017.
  3. Vignal-Clermont C. Troubles oculomoteurs dans la sclérose en plaques. La Lettre du Neurologue, 2014;XVIIII(6):196-198.

Publié le : 12/03/19 Mis à jour le : 03/05/19

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