Smoldering MS : Pourquoi le handicap peut progresser entre les poussées ?

Bonne nouvelle, la compréhension de la physiopathologie de la sclérose en plaques a avancé. Parmi les dernières découvertes, le phénomène de la « Smoldering MS » explique la majoration du handicap sans poussée.

Que signifie « Smoldering MS”1

« Le terme anglosaxon smoldering signifie fumante, à petit feu », explicite le Pr de Sèze, neurologue. « En français, on appelle ce phénomène la face cachée de la maladie ou l’évolution sournoise ».

D’après le Pr de Sèze, ce terme vient de l’imagerie illustrant un mécanisme qui ne se voit pas sur les IRM (Imageries par Résonance Magnétique) classiques, même avec un produit de contraste.

« De ce fait, les lésions chroniques traduisant ce côté sournois nécessitent des séquences spéciales. Ce sont des lésions chroniques actives, visibles sur certaines séquences d’IRM uniquement », reprend le Pr de Sèze.

La recherche de ces lésions chroniques n’est donc pas possible dans tous les hôpitaux et est loin d’être systématique.

Qui est concerné ?1

« Le smoldering MS concerne les formes progressives primaires et les formes qui passent de la phase récurrente rémittente (par poussée) à la phase progressive », détaille le Pr de Sèze.

Il ajoute que « dans ce dernier cas, l’évolution insidieuse peut même commencer avant le passage à la phase progressive. Mais certains patients n’ont pas de lésions chroniques et c’est de meilleur pronostic ».

Quelles sont les répercussions sur les patients ?1,2

La smoldering MS a des répercussions cliniques.

« La traduction clinique est une aggravation très lente et peu perceptible de la fatigue, la marche, les troubles urinaires, … » énumère le neurologue.

« Ce n’est pas du tout une nouvelle poussée avec un symptôme bruyant : c’est plutôt l’aggravation sournoise de certains symptômes qui existaient auparavant » ajoute-t-il.

A l’évidence, les neurologues aimeraient détecter ce phénomène inflammatoire avant le retentissement clinique dans la perspective de traitements spécifiques qui pourraient le ralentir.

« Le frein est que les neurologues ne peuvent pas rechercher les lésions chroniques puisque nous sommes à l’aube du développement de nouvelles séquences en IRM », déplore le Pr de Sèze. « D’autres marqueurs sanguins (NDLR : des éléments dosés dans le sang, qui révèleraient le smoldering MS) et les GFAP (Protéine Acide Fibrillaire Gliale) sont à l’étude. Couplés à l’IRM, il serait peut-être possible de détecter les patients plus à risque et peut-être leur proposer un traitement adapté » ajoute-t-il.

Est-il possible de ralentir ce phénomène via le mode de vie ?

En dehors de nouvelles molécules avec un mode d’action différent des traitements actuels, il n’y a aucune action à mettre en place dans le mode de vie.

« On peut limiter la fatigue via l’activité physique mais il n’y a aucune preuve d’efficacité sur le phénomène du smoldering MS » conclut-il. Toutefois, cela ne doit pas empêcher une activité physique car lorsqu’elle est adaptée, elle aide à gérer la fatigue et améliore la motricité ainsi que la souplesse des patients.

Sources bibliographiques

  1. Giovannoni. Smouldering multiple sclerosis: the 'real MS'. Ther Adv Neurol Disord. 2022 Jan 25;15:17562864211066751. doi: 10.1177/17562864211066751. PMID: 35096143; https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35096143/
  2. Christian Barro. Serum GFAP and NfL Levels Differentiate Subsequent Progression and Disease Activity in Patients With Progressive Multiple Sclerosis. Neurology. Jan 23. Doi : 10.1212/NXI.000000000020005
    ; https://www.neurology.org/doi/10.1212/NXI.0000000000200052

241014143045LI - 01/2025

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