LES TROUBLES DE LA DÉGLUTITION ET LEURS CONSÉQUENCES

Les troubles de la déglutition sont fréquents chez les personnes atteintes de SEP.

Malheureusement, les troubles de la déglutition sont sous-estimés alors qu’ils peuvent avoir des conséquences graves.

Les patients en parlent rarement à leur médecin traitant ou en consultation spécialisée, et ils sont souvent diagnostiqués dans les suites d’une complication. Description des troubles de la déglutition avec le Dr Hichem Khenioui, du Service de Médecine Physique et de Réadaptation des Hôpitaux de l’Institut Catholique de Lille.

Afin de bien comprendre les troubles de la déglutition, il est important d’expliquer en quelques lignes le processus même de cette fonction physiologique « normale » qui se produit chaque minute pour gérer la salive et des dizaines de fois pendant un repas pour assurer la nutrition et l’hydratation.

La déglutition se déroule en trois phases.

  • La première, dite « buccale », correspond au moment où vous mettez de la nourriture en bouche et où vous mastiquez celle-ci tout en appréciant sa texture et ses saveurs. A la fin de cette phase, la nourriture constitue ce que l’on appelle le « bol alimentaire ». Ce dernier est alors propulsé vers l’arrière de la cavité buccale.
  • C’est à ce moment que débute la seconde phase, appelée « pharyngée ». Le bol alimentaire est donc propulsé vers le pharynx, qui est l’organe reliant la bouche à l’extrémité supérieure de l’œsophage. Au même moment, vous réalisez une « apnée réflexe » qui se traduit par la fermeture des voies respiratoires. Cela permet d’éviter le passage des aliments dans la trachée, les bronches et les poumons.
  • La troisième phase, dite « œsophagienne », n’est que la poursuite de l’onde de propulsion pharyngée jusqu’à l’arrivée des aliments dans l’estomac. La déglutition protège ainsi les voies respiratoires tout en évitant la stagnation dans le pharynx de résidus alimentaires pendant les repas, et de la salive, des sécrétions nasales, des régurgitations, etc, en dehors des repas.

Les fausses routes

On entend par troubles de déglutition toute difficulté au passage fluide des aliments et de la salive, depuis la mise en bouche jusqu’à l’estomac. Ces troubles peuvent survenir à chacune des trois phases décrites. Pendant les repas, ils peuvent se produire avec des aliments solides, liquides ou les deux. Ils sont également possibles à distance des repas, du fait de la déglutition de la salive ou à l’occasion de reflux gastro-œsophagiens (remontées des sécrétions gastriques acides vers la gorge).

Chez les personnes atteintes d’une SEP, les troubles de la déglutition peuvent avoir différentes causes : un manque de mobilité de la langue, une faiblesse des muscles du voile du palais, de la bouche et des masticateurs, un mauvais positionnement du corps, des troubles de la sensibilité, sans oublier la modification du goût et de l’odorat qui vont se traduire par une mauvaise perception gustative des aliments (texture et saveur).

Les troubles de la déglutition ont pour conséquence ce que l’on appelle la « fausse route » : les aliments n’empruntent pas le trajet qui leur est réservé et ils se retrouvent dans les voies respiratoires. Lorsqu’une fausse route survient, une toux efficace empêche habituellement l’aliment de pénétrer dans les voies respiratoires. Le réflexe de la toux peut toutefois être diminué ou inefficace chez les personnes atteintes de SEP. Il faut donc faire attention : une absence de toux ne signifie pas qu’il ne s’est pas produit une fausse route car celle-ci peut être « silencieuse »

Les conséquences possibles

Des fausses routes répétées entraînent des infections pulmonaires récurrentes appelées « pneumopathies d’inhalation ». Ces infections pulmonaires peuvent notamment avoir pour conséquence indirecte d’aggraver le handicap neurologique, surtout lorsqu’elles surviennent brutalement, et de réduire l’autonomie du malade dans sa vie quotidienne.

Une autre conséquence possible est la dénutrition. Les troubles de la déglutition peuvent en effet induire une crainte vis-à-vis de l’alimentation. Par peur des fausses routes, le patient peut avoir tendance à moins manger au cours des repas. Le risque est alors qu’il finisse par être dénutri.

Des troubles à ne pas minimiser

Les troubles de la déglutition doivent être pris au sérieux. Les malades ont souvent tendance à les minimiser, en comparaison des autres difficultés liées à la SEP (difficultés à la marche, fatigue, etc.). Si vous êtes sujets à des fausses routes, pendant ou en dehors des repas, il faut en parler à votre médecin. Un bilan orthophonique pourra alors être réalisé et une prise en charge proposée par des professionnels spécialisés.

Publié le : 18/12/15 Mis à jour le : 29/03/18

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