Le cannabis médical en 4 questions

Une expérimentation sur le cannabis médical, aussi appelé cannabis thérapeutique, a été lancée en mars 2021. Pascal Douek est à la fois médecin et patient avec une sclérose en plaques. Il fait partie de l'expérimentation. C'est aussi l'auteur du livre Le cannabis médical, une nouvelle chance, aux éditions Solar. Je vous propose de découvrir cette plante en 4 questions.

Qu'est-ce que le cannabis thérapeutique ?

"Quand on parle de cannabis thérapeutique, on parle de l'utilisation de la plante de cannabis, donc de l'ensemble des actifs de la plante, comme le cannabidiol et le THC", détaille le Dr Pascal Douek. "Le développement et la transformation de ces plantes se font dans un contexte médical, pharmaceutique, avec un gage de qualité. Et elles sont transformées en huiles ou fleurs séchées dans un environnement de qualité pharmaceutique."

Pascal a intégré l'expérimentation en avril 2021 et prend deux huiles différentes avec des ratios différents de cannabidiol et de THC, ainsi que des fleurs séchées qu'il utilise avec un vaporiseur.

Quelles sont les indications du cannabis thérapeutique ?

Cette plante s'adresse à des malades présentant des symptômes sévères et qui généralement n'ont pas répondu aux traitements conventionnels. Cinq indications ont été retenues pour intégrer l'expérimentation : les douleurs neuropathiques et la spasticité douloureuses de la SEP sont les deux premières, et les raisons pour lesquelles Pascal a intégré l'expérimentation.

"j'ai une spasticité très élevée qui s'est aggravée depuis 2016", raconte Pascal qui raconte sa vie avec une SEP dans cet article. https://www.sep-ensemble.fr/chroniques-charlotte/pascal

"La toxine botulique qui fonctionnait très bien au départ, a fini par ne plus avoir d'effet. J'ai aussi eu un médicament, puis une pompe contenant ce médicament, qui n'avaient pas d'action, ainsi que des neurolyses qui n'ont pas beaucoup marché."

Les trois autres indications ne concernent pas la SEP, il s'agit des soins palliatifs, certaines formes d'épilepsie sévère (pharmaco-résistante) et des symptômes rebelles consécutifs aux chimiothérapies.

"Dans cette expérimentation, le cannabis médical est caractérisé par un encadrement de professionnels de santé, sur prescription par médecin et avec une délivrance par le pharmacien", précise Pascal.

Quelle efficacité ?

"Le but de l'expérimentation n'est pas d'évaluer l'efficacité du cannabis médical mais de s'assurer de la faisabilité de l'expérimentation, aussi bien sur le plan des médecins, des pharmaciens, des patients et des industriels qui délivrent le cannabis", précise d'emblée Pascal Douek.

Il manque cruellement d'études sur le cannabis thérapeutique mais le médecin, comme d'autres patients, constate les effets de façon empirique :

"L'efficacité est bien réelle, à une certaine dose, le cannabis améliore ma spasticité et calme les douleurs mais à cette dose, les effets secondaires cognitifs étaient trop lourds et difficiles donc j'ai diminué."

Quels sont les effets secondaires ?

Un point de vue que je partage car en 2021, mes douleurs étant très intenses, ma spécialiste avait ajouté un médicament à base de THC. Il s'était révélé très efficace sur les névralgies, aussi bien sur leur intensité que leur durée, mais j'étais complètement "shootée", avec des troubles de l'attention et de la mémorisation. Des effets d'autant plus lourds que je prends déjà deux autres molécules en provoquant aussi.

J'ai intégré en parallèle un protocole de stimulation magnétique trans-crânienne, qui s'est révélée très efficace et qui m'a permis d'arrêter le THC. Pascal n'a pas cette chance.

"Je suis toujours dans la quête de trouver la dose idéale, celle qui apporte une efficacité sans effets secondaires trop lourds", conclut-t-il. "Les premiers retours de l'expérimentation sont attendus à l'automne car l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament devra faire un rapport pour anticiper la suite de l'expérimentation et ne pas laisser les patients en mars 2023 sans rien..."