SEP : le point sur les médecines complémentaires

Les patients atteints de maladie chronique sont souvent en recherche de médecines complémentaires. J'ai également fait appel à certaines d'entre elles, en complément de mes traitements et dans cet article, je vous partage mon ressenti mais aussi les résultats de 2 études.

Rappel inévitable : en aucun cas, ces médecines ne doivent faire abandonner la prise en charge conventionnelle. Elles n'ont d'intérêt qu'en soins de support. Lorsqu'elles sont utilisées à la place de médecines conventionnelles (et non en complément), on parle de médecines alternatives.

L'aide de l'hypnose et de la pleine conscience

J'ai été initiée à l'hypnose en 2000, à une époque où elle était inconnue du grand public. Il y avait peu de médicaments contre les douleurs neuropathiques, je souffrais jour et nuit et n'en pouvais tout simplement plus.

Mon neurologue m'avait alors conseillé un médecin qui m'enseignerait les rudiments de l'auto-hypnose. J'ai rapidement su me mettre en "état de conscience modifiée", l'état hypnotique.

Bien sûr, la technique n'a pas supprimé les douleurs mais elle m'a offert de précieuses parenthèses où je "m'extrayais" des douleurs et les ressentais nettement moins. Dans mon esprit, j'allais nager dans une eau froide, l'eau et la froideur apaisant mes douleurs, et j'en ressentais un bénéfice dans la réalité.

J'ai aujourd'hui évolué vers la pleine conscience, qui m'apaise également. Les méditations suggèrent par exemple de se concentrer sur une zone sans douleur pour pouvoir mieux tolérer la zone douloureuse. Elles permettent également un travail plus rationnel sur son rapport à la douleur.

Homéopathie et acupuncture

J'ai cédé aux sirènes de l'homéopathie pour faire plaisir à mon petit ami de l'époque ! Contrairement à lui, je n'étais absolument pas convaincue de son efficacité mais que ne ferait-on pas par amour... Les granules sucrés étaient censés m'aider pour la fatigue et les douleurs mais je n'ai constaté aucune amélioration.

Quant à l'acupuncture, elle a désormais rejoint le rang des techniques proposées aux patients dans certains centres de la douleur. Mais entre 2012 et 2013, j'avais déjà testé les aiguilles, estimant n'avoir rien à perdre, hormis un peu d'argent. Là encore, ni mon épuisement ni mes douleurs n'ont été améliorées mais d'autres patients se sont dit soulagés.

Le collectif No fake med, qui se bat, pour une médecine fondée sur les preuves, a d'ailleurs publié sur son site un article faisant le point sur les connaissances à propos de l'acupuncture et mettant en garde sur la fiabilité des études.

Que disent les études ?

Devant le grand intérêt des patients envers les médecines complémentaires et alternatives, des revues scientifiques ont été réalisées pour compiler les études évaluant leur efficacité et leur innocuité. Peu d'études répondent hélas aux critères méthodologiques, très stricts, demandés aux traitements conventionnels.

Une méta-analyse avait fait un point très complet en 2016 sur leur utilisation chez les patients atteints de sclérose en plaques. La vitamine D n'avait pas d'effet sur le handicap et le taux de poussée mais pouvait avoir un bénéfice en complément des traitements conventionnels. L'exercice physique pouvait améliorer l'équilibre, la marche, la vitesse, et le yoga pouvait améliorer la fatigue.

Quant aux thérapies cognitives et comportementales, elles étaient intéressantes pour améliorer la santé globale, la qualité de vie, la fatigue et le handicap. La relaxation pouvait améliorer la fatigue tandis que la méditation en pleine conscience avait un effet sur la qualité de vie, la fatigue et la dépression. Les techniques de gestion du stress, avec exercices de respiration et relaxation musculaire réduisaient le stress et la dépression, et un effet immédiat sur la douleur. La réflexologie n'avait pas d'effet mais l'acupression (le fait de faire des points de pression, mais sans aiguilles) réduisait les scores de fatigue.

Les auteurs concluaient que ces résultats ne signifiaient pas forcément que les médecines complémentaires n'avaient pas d'effet, mais qu'il n'y avait pas de preuves scientifiques rigoureuses pour les recommander.

D'après une revue systématique1 sur les douleurs neuropathiques, datant de 2019, "aucune conclusion n'était possible concernant l'utilisation de l'aromathérapie, de l'auriculothérapie et du laser à faible énergie, du fait de données émanant d'études uniques de qualité faibles ou modérées. Aucune étude satisfaisant à nos critères d’inclusion n’a concerné l’utilisation d’autres techniques complémentaires. Cela n’exclut pas l’efficacité potentielle de la thérapie miroir, de l’hypnose et de l’acupuncture, ces techniques ayant fait la preuve de leur efficacité à court terme (< 3 semaines) ou dans des essais ne ciblant pas la douleur neuropathique."

Il reste compliqué de recommander formellement certaines de ces médecines, la majorité n'étant pas prises en charge par la sécurité sociale. Je ne peux que recommander de garder un esprit critique et surtout de ne pas se mettre en difficultés financières pour ces techniques.

Pour aller plus loin



Publié le 18/10/2022
7000040040-10/2022