C’est ce qu’a étudié l’étude française, du nom de « D-Lay MS », centrée sur des personnes qui avaient eu une première poussée évocatrice de SEP (ce que l’on appelle le CIS, Clinically Isolated Syndrome, en anglais, c’est-à-dire le « Syndrome Cliniquement Isolé ».
Tout d’abord, pourquoi étudier la vitamine D et la prescrire à une dose élevée ?
« La carence en vitamine D, fréquente chez les patients avec une SEP, est connue pour être un facteur de risque d’avoir la maladie et elle est associée à un moins bon pronostic », analyse le Dr Kevin Bigaut, neurologue. « L’objectif de l’étude était d’observer si la vitamine D avait un effet sur le risque de convertir vers une sclérose en plaques (avec l’apparition d’une nouvelle poussée et/ou de nouvelles lésions à l’IRM). »
Les chercheurs ont donc comparé durant 2 ans un groupe de patients prenant de la vitamine D, à raison de 100 000 unités 2 fois par mois, à un groupe placebo.
« Les résultats montrent que les personnes supplémentées en vitamine D avaient un risque moindre de convertir en SEP en 2 ans », analyse le Dr Bigaut. « Plus précisément, une diminution du risque de 34 % a été observée au bout des 2 ans. A 2 ans, 60 % des patients sous vitamine D convertissaient en SEP alors qu’ils étaient déjà 74 % dans le groupe placebo. L’abaissement du risque était lié à une diminution du risque de nouvelles lésions sur l’IRM. »
Pour le Dr Bigaut, ce résultat n’est pas négligeable, même si la vitamine D n’avait pas, au cours du suivi, d’effet sur le handicap et les échelles de qualité de vie des patients. De plus, la vitamine D était très bien tolérée, point essentiel.
« Ces résultats doivent être confirmés par d’autres études méthodologiquement fiables et à plus grande échelle », reprend le Dr Kevin Bigaut. « De plus, il serait intéressant d’étudier l’effet de la vitamine D en plus de tous les traitements de fond disponibles. »
Pour le moment, la vitamine D a été étudiée seulement dans deux études de 2019 dont une en supplément d’un interféron : « Les deux études montraient un effet sur la survenue de nouvelles lésions dans le groupe traité, ainsi qu’un petit effet sur l’EDSS, le score évaluant le handicap », précise le Dr Bigaut. « Il faut donc prendre ces résultats avec précaution du fait du petit nombre de patients. »
La vitamine D a-t-elle un intérêt pour les patients qui ne sont plus au tout début de leur maladie et dans les formes progressives ?
« Pour les neurologues, il y a une certaine cohérence en faveur de cette hypothèse », estime le Dr Bigaut. « Mais il est indispensable de le démontrer grâce à des études méthodologiquement fiables et à grande échelle. S’il y avait des résultats positifs, cela ferait une option très intéressante, notamment dans les formes progressives ».
En conclusion, le Dr Bigaut met en garde sur un point essentiel : « l’effet de la vitamine D reste moindre, derrière les traitements immunosuppresseurs. Elle ne doit donc pas remplacer un traitement de fond et doit être donnée en association à ce dernier. »
La vitamine D n’a donc pas encore révélé tous ses secrets. Ce qui explique qu’aucune recommandation en France n’existe sur le sujet de la SEP.
« Comment l’utiliser ? Chez qui ? Chaque praticien fait comme il le sent pour le moment » conclut le Dr Bigaut.
Thouvenot E. Vitamine D à forte dose dans le syndrome cliniquement isolé typique de la sclérose en plaques : essai clinique randomisé D-Lay MS . JAMA. 2025 ; 333(16) : 1413–1422. doi : 10.1001/jama.2025.1604
Hupperts. LME; SOLAR Study Group. Randomized trial of daily high-dose vitamin D3 in patients with RRMS receiving subcutaneous interferon β-1a. Neurology. 2019 Nov 12;93(20):e1906-e1916. doi:10.1212/WNL.0000000000008445
Camu. Cholecalciferol in relapsing-remitting MS: A randomized clinical trial (CHOLINE). Neurol Neuroimmunol Neuroinflamm. 2019. doi: 10.1212/NXI.0000000000000648
250603150076PN - 10/2025