SPASTICITE ET SCLEROSE EN PLAQUES

La spasticité est une augmentation du tonus musculaire. Ce symptôme est provoqué par l’altération de la conduction nerveuse, en d’autres termes, il y a un problème au moment du « transport » de l’information nerveuse par le nerf.

La spasticité prend d’abord la forme d’une raideur puis elle peut provoquer des contractures musculaires (contraction involontaire d'un certain nombre de fibres musculaires), invalidantes pour ceux qui en souffrent et qui peuvent être douloureuses.

Ce symptôme complique le mouvement, le maintien de la posture, l’équilibre, il rend difficile le passage « assis/debout », l’habillage, la toilette, l’écriture, bref le quotidien. Mais paradoxalement, parfois la spasticité se rend utile en compensant un déficit musculaire : elle aide certains patients à se tenir debout et à marcher.

C'est un symptôme fréquent : « Il y a peu d'études, mais d'anciennes études évaluent la fréquence de la spasticité à 80% chez les patients SEP », commente le Dr Cécile Donzé, spécialiste en médecine physique et réadaptation. « C'est aussi ce que je constate en réalité. Ce symptôme peut être présent dès le début de la maladie, notamment au niveau des membres inférieurs ».

« Ce symptôme peut être présent dès le début de la maladie, notamment au niveau des membres inférieurs. »

Capricieuse, la spasticité fluctue énormément au cours du temps et dans une même journée, ce qui est particulièrement compliqué à gérer au quotidien pour le patient. « Pour beaucoup de personnes, la spasticité se majore le matin avec la nécessité d'un déverrouillage du fait de la raideur après l'inactivité de la nuit », détaille le médecin. « Elle peut aussi survenir en fin de journée, avec la fatigue de la journée ou après un effort qui aggrave son intensité ».

Les facteurs aggravants de la spasticité

Différents facteurs aggravent son intensité, ce qui peut inquiéter les patients. « Ce symptôme est très susceptible », ajoute la spécialiste en médecine physique et réadaptation. « Il faut rassurer les patients : ce n’est pas une poussée et il n'y a jamais de poussée isolée avec juste une augmentation de la spasticité comme symptôme. » En cas d'aggravation subite, il faut chercher une épine irritative (facteur aggravant), comme une infection urinaire, une blessure même minime sur le pied comme un ongle incarné, un cor au pied, une mycose, une escarre, la constipation, etc. Selon le Dr Donzé, il faut toujours soigner l'épine irritative au départ pour améliorer la spasticité, en sachant que la contrariété et le stress l'aggravent aussi.

Une double évaluation par le médecin et le patient

Les professionnels de santé disposent de différentes échelles pour évaluer l'intensité de la spasticité. « Le kinésithérapeute ou le médecin rééducateur, mobilise la jambe ou le bras rapidement, pour voir s'il y a une résistance, ce qui est le cas avec une spasticité », développe le Dr Donzé. « La spasticité est alors cotée sur une échelle de 0 (absence de spasticité) à 5 (forte spasticité). » Ce score permet d'adapter la prise en charge et de voir si le traitement est efficace.

« Mais le plus important est la vision du patient », précise-t-elle. « On dispose d'un score appelé numerating rating scale : le patient côte lui-même l'intensité de la spasticité de 0 à 10, comme pour la douleur. Et c'est très important de faire les deux analyses, médecin et patient, car les résultats peuvent être discordants. Or on traite un patient, pas une échelle ! ». Il est donc primordial que les patients n'hésitent pas à parler de leur spasticité et à l'évaluer, si le médecin ne le fait pas spontanément.

Les traitements médicamenteux possibles de la spasticité

  1. Médicaments myorelaxants
  2. Une fois les épines irritatives recherchées et soignées, s'il y en a, le traitement repose tout d'abord sur l’utilisation de médicaments myorelaxants (permettant de relâcher un muscle), obtenus sur prescription médicale et prescrits à dose progressive : leur efficacité et leur tolérance est variable d’un patient à l’autre. D'après le Dr Donzé, la prise des traitements dépend des besoins du patient. Par exemple le matin, si la spasticité est présente le matin. Ou le soir si elle est prépondérante à ce moment-là. Dans tous les cas c'est indissociable d'une prise en charge en kinésithérapie.

  3. Toxine botulique
  4. Une autre alternative est possible, la toxine botulique (qui diminue localement l’activité musculaire), en injection intramusculaire : « Désormais, on peut la mettre en première intention, tout en continuant la kinésithérapie en parallèle ».

    Un test thérapeutique peut être fait au préalable pour tester la sensibilité à la toxine botulique : un bloc anesthésique (on injecte un anesthésiant dans le muscle provoquant une anesthésie immédiate). « Cela permet d'évaluer l'intérêt de la toxine car le patient ressentira d'emblée l'effet de la toxine s'il y est sensible (diminution de l’action anesthésiante). La toxine met environ un mois à faire effet et son efficacité dure entre 4 et 6 mois selon les patients », ajoute la spécialiste.

Les traitements non médicamenteux de la spasticité

La kinésithérapie, à base de postures et d’étirements. Le kinésithérapeute étirera les muscles spastiques et il apprendra au patient à faire ses auto-étirements, qui sont très efficaces et améliorent la qualité de vie de ceux qui les réalisent quotidiennement.

Le froid a un effet efficace chez les patients qui voient leurs symptômes majorés par la chaleur. « Ce qui refroidit le mieux le corps est de prendre de la glace pilée dans un verre », conseille le Dr Donzé. « Cela refroidit la température corporelle d’environ 1 degré. »

Autre option : les vestes refroidissantes, qui soulagent certains et sont efficaces pendant 2 heures. Afin de diminuer les frais, la spécialiste en médecine physique donne une astuce : acheter uniquement les poches refroidissantes contenues dans les vestes, et se fabriquer la veste soi-même. Ceux qui le supportent peuvent aussi se plonger dans un bain froid, prendre une douche glacée, ou mettre des serviettes au congélateur et les appliquer au niveau du cou et du thorax (cet endroit est celui qui refroidit le mieux).

« Attention, le "trop froid" majore la spasticité chez certains patients », met en garde le Dr Donzé.

Sachez également que des pratiques comme la sophrologie ou la méditation, aident à mieux gérer le stress et les émotions. Ce qui pourrait avoir un effet sur la spasticité.

Publié le : 24/05/2019

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